-

Une excellente initiative du gouvernement belge permet de faire reconnaître la primauté de l’État de droit sur la loi religieuse à l’ensemble des cultes. 

Au-delà de la qualité du texte signé par les différents intervenants, ÉGALE salue la méthode mise en œuvre par le gouvernement belge. Plutôt que de solliciter un accord des différents représentants religieux, les uns après les autres, il a pris le parti de les réunir tous et de leur faire signer une déclaration commune, de façon à ce qu’aucune religion ne peut demander un quelconque aménagement de la règle appliquée à tous. ÉGALE souhaite que le nouveau gouvernement français s’inspire de cette démarche aussi intelligente que diplomatique pour faire avancer le respect de l’état de droit et de la laïcité en France.

Une volonté de dialogue intercommunautaire propre à la Belgique

Après les attentats du 22 mars, le Premier Ministre et le ministre de la justice ont décidé de réunir régulièrement les représentants des six cultes reconnus (églises catholique, anglicane, protestante, orthodoxe, islam et judaïsme) et de la laïcité. Dès la fin de la deuxième rencontre, tous ont exprimé : « leur ferme détermination à combattre le terrorisme, le radicalisme et les discours de haine ».  Ce type de réunion institutionnalisée est conforme à l’organisation de l’État belge qui subventionne les cultes reconnus et la laïcité, conçue comme une conviction philosophique.  Elle ne l’est pas en France, sauf à contrevenir à la loi de séparation. Ce qui n’exclut pas que des rencontres soient organisées avec l’ensemble des cultes sur les sujets les concernant. C’est bien le cas ici.

Obtention d’un vrai consensus autour des valeurs fondamentales

Le mercredi 17 mai, le Premier Ministre belge Charles Michel et le ministre de la justice, Koen Geens, se sont entretenus longuement avec l’ensemble des représentants des cultes religieux et de la laïcité. Au terme de cet entretien, après avoir discuté de son contenu et lui avoir apporté quelques petites modifications, ils ont signé une déclaration commune afin de construire et respecter les valeurs fondamentales.

Cette déclaration rappelle l’importance d’un espace de dialogue et de concertation entre les cultes et la laïcité. «  En Belgique, comme ailleurs en Europe, nos sociétés se sont fragilisées pour de multiples raisons. Les communautés vivent les unes à côté des autres sans nécessairement bien se connaître. » Pour favoriser une meilleure connaissance mutuelle, les différents intervenants ont décidé de se réunir tous les six mois avec le premier ministre et le ministre de la justice.

Le texte de leur déclaration souligne que « les droits de l’homme, les libertés fondamentales telles que la liberté d’expression, la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté de conscience, l’égalité entre les hommes et les femmes, la séparation des Églises et de l’État, la culture du dialogue, la primauté de l’État de droit, sur la loi religieuse, le droit à choisir son mode de vie sont des valeurs inaltérables sur lesquelles nous ne pouvons transiger, nous devons les défendre. L’impartialité de l’État permet cette équidistance entre tous les cultes, assurant ainsi la cohésion sociale et pacifique dans une société interculturelle comme le nôtre.

Nelly Fouks