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Les adhérents n’approuvent pas tous le communiqué de la Ligue des Droits de l’homme à propos des tenues des députés. En témoigne la réaction de Myriam André, de la section de Rodez

Rodez le 1er février 2018

A l’attention du Secrétaire Général de la LDH, Dominique Guibert

Monsieur,

Je suis membre de la LDH section Rodez/ Millau et suis consternée à la lecture du communiqué du service communication (voir ci-dessous) relatif à la décision du bureau de l’Assemblée Nationale D’abord le vocabulaire employé: le ridicule le dispute au toxique /participe dangereusement.

Ensuite sur le fond :

1/ Il est écrit: « ’exiger la neutralité d’un-e député-e revient tout bonnement à exiger son silence. »: Lorsque j’ai voté pour le député de ma circonscription je ne me suis nullement renseignée sur ses convictions religieuses, seuls m’ont importé ses propos et actes politiques durant ses mandats locaux éventuels. Il se serait présenté en réunion publique arborant des signes religieux ostentatoires ou des vêtements faisant la promotion de telle ou telle enseigne commerciale, cela aurait été jugé inacceptable par la plupart de mes concitoyens.

D’où vous vient l’idée qu’en n’affichant pas ses opinions religieuses ou ses choix personnels de vie on serait contraint au silence ?

Je préfère comprendre une position à travers une argumentation clairement développée plutôt que d’emblée la déduire d’un vêtement porté !.

2/ Il est ensuite noté : « Ou encore que le principe de laïcité, malheureusement évoqué en cette affaire, est ici plusieurs fois trahi. D’abord parce l’impératif de neutralité s’applique aux fonctionnaires ou aux exécutifs agissant au nom de l’État, certainement pas aux élu-e-s  » Il faudrait que vos conseillers revoient à mon avis, les définitions de l’Etat, de la République et les principes fondamentaux de notre constitution.

D’après ces propos, nos représentants à l’Assemblée Nationale chargés de créer notre droit commun, nos élus chargés à tous les stades de le faire vivre, devraient pouvoir arborer leur conviction religieuse dans l’hémicycle, les mairies, les conseils régionaux et départementaux, tout en étant régis par notre constitution qui elle seule serait laïque !!!

Mais d’après vous qui incarnerait alors cette République laïque supposant la neutralité de l’état mis à part les responsables et les agents du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire ?

Et d’ailleurs qui rémunère ces responsables et ses agents ? N’est-ce pas les impôts de tous les français et non les contributions d’une communauté particulière de conviction identique ?

3/ Enfin, il est mentionné : « et il est dommage d’avoir à le rappeler, parce que la loi de 1905 vise à assurer la liberté de conscience et à protéger la liberté d’expression, « même religieuse » (article 10 de la Déclaration de 1789). » Oui la loi de 1905 garantit notre liberté d’expression, nous avons individuellement le droit de dire, d’exprimer, d’afficher nos convictions dans les espaces publics, dans les lieux de service public en tant qu’usagers.

Mais vous semblez oublier que la parole d’un élu vise l’intérêt général: il parle au nom de ceux qu’il représente et tout citoyen doit pouvoir se sentir représenté y compris lorsqu’il ne partage pas les prises de positions majoritaires. Que deviendrait notre Assemblée Nationale si en plus d’identifier nos élus dans l’hémicycle par leur emplacement géographique, apparaissaient des groupuscules identifiables par leur appartenance religieuse !

Je vous demande en conséquence de bien vouloir retirer ce communiqué rédigé sans concertation préalable ainsi que votre demande d’annulation de la décision du bureau de l’Assemblée Nationale qui à mon avis, discrédite notre mouvement et nos engagements locaux.

Cordialement,

Myriam ANDRE Section Rodez/Millau