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Jean-François Colosimo, essayiste et directeur des éditions du Cerf, nous parle de « La Religion française » (Cerf, 2019), une histoire des relations que la France entretient avec sa laïcité.

Si le mot « laïcité » est relativement récent (il date de 1880) et même pas utilisé par la loi de séparation des Eglises et de lʼEtat de 1905, lʼidée de laïcité est le fruit dʼune histoire vieille de mille ans. Cʼest ce que montre lʼessayiste et romancier Jean-François Colosimo, par ailleurs directeur
des éditions du Cerf, dans son nouvel essai : La Religion française (Cerf, 2019), suite de Aveuglements : religions, guerres, civilisations (Cerf, 2018).
Revenant sur lʼhistoire de la religion en France, il redéfinit le terme de laïcité qui, dit-il, est aujourdʼhui compris par les camps religieux comme la capacité à gagner toujours plus de droits par rapport à lʼEtat. Or la laïcité telle que pensée en 1905 impose avant tout une neutralité de la loi qui rend possible une vie nationale.
On a perdu le fil de l’histoire : cette laïcité qu’on ne sait plus définir est devenue un mot valise. (Jean-François Colosimo)
Car lʼhistoire de France est celle dʼune conquête dʼindépendance par rapport à ces deux pouvoirs que sont lʼEmpire et lʼEglise : En France, dès les XIIIème et XIVème siècles, les rois de France sʼassurent que le spirituel nʼentre pas dans le temporel, car toute religion est productrice de fractures dans le corps politique.
La France constitue de ce fait une exception en Europe, tant par cette résistance au Saint-Siège que par ses tentatives de mixité religieuse, en témoigne lʼEdit de Nantes signé par Henri IV le 30 avril 1598 afin de faire table rase des fractures causées ou cristallisées par les Guerres de Religion.