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Après avoir fait des déclarations inquiétantes sur la laïcité, le Président de la République a décidé de ne pas s’exprimer dans les médias sur ce sujet. « En même temps », il a laissé plusieurs de ses proches s’exprimer librement sur le sujet. Successivement, Marlène Schiappa, Jean-Michel Blanquer, Richard Ferrand, ont exposé clairement leur conception de la laïcité à laquelle nous adhérons sans réserve.

On a pu entendre à la fois que la loi ne devait pas être opposée systématiquement aux demandes des responsables religieux, puis qu’il fallait se méfier d’une certaine « radicalisation » de la laïcité, qu’il fallait institutionnaliser le dialogue avec les responsables des cultes (Gérard Collomb) et tout à la fois qu’il fallait respecter la séparation et la loi du 9 décembre 1905 et préserver nos libertés.

Est-ce un art consommé du « en même temps » qui cherche à concilier des opinions contraires ? Ou l’expression de positions inconciliables qui coexistent au sein du gouvernement ? Jusqu’au moment où des décisions concrètes seront prises, nous resterons donc dans l’incertitude quant aux orientations réelles impulsées par le Président de la République.

On peut aujourd’hui se féliciter du renforcement du nombre d’interlocuteurs référents sur la laïcité au sein du ministère de l’Éducation nationale. On peut se rassurer avec les propos sans équivoque de Marlène Schiappa : «  Les institutions religieuses ne doivent obliger aucune femme, nulle part, jamais, à rien ». Mais on peut s’inquiéter de la volonté de renforcer l’enseignement des religions à l’école ou d’augmenter le financement des écoles privées au détriment de l’école publique. On peut aussi s’inquiéter du danger qu’un dialogue institutionnalisé avec les responsables des cultes pourrait faire peser sur les libertés individuelles toujours si régulièrement contestées par les préceptes religieux.

Notre vigilance reste plus que jamais nécessaire.

Martine Cerf