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  Pour la Cour de cassation italienne, les étrangers doivent respecter les usages de leur pays d’accueil. 

Un Sikh indien portant le poignard rituel avait été arrêté en mars 2013 près de Mantoue et condamné à 2000E d’amende pour être sorti avec son kirpan (poignard inséré dans le foulard sikh) a été condamné pour port d’arme illégal en Italie.

Symbole de la lutte contre l’oppression et pour la liberté religieuse, ce poignard de 18 cm de long est l’une des cinq obligations que la religion sikhe impose aux hommes (les Cinq K) avec l’interdiction de se couper les cheveux (kesh), maintenus par un peigne de bois (kangha) sous un turban, le caleçon bouffant (kachera) et le bracelet de fer (kara).

Autorisé au Canada, y compris dans les enceintes scolaires, au nom des « accommodements raisonnables », le port du kirpan est interdit en France, au Danemark et dans plusieurs États américains.

La plus haute juridiction italienne maintient la condamnation

L’homme avait fait appel de cette condamnation. Mais la Cour de cassation l’a confirmée pour les motifs suivants :

« Il n’est pas tolérable que l’attachement à ses propres valeurs, même légales selon le droit en vigueur dans le pays d’origine, conduise à la violation consciente de celles de la société d’accueil ».

« Si l’intégration n’impose pas l’abandon de la culture d’origine (…), le respect des droits de l’homme et (les normes judiciaires) de la société accueillante constituent une limite infranchissable », ont insisté les juges alors que le parquet avait pourtant demandé l’annulation de la condamnation, estimant que la tradition culturelle de cet homme justifiait le port du poignard.

Un jugement très attendu dans le cadre du débat sur le voile islamique

Les sikhs étant très peu nombreux en Italie, le débat sur le port du poignard est quasi inexistant mais la décision de la Cour de cassation était attendue dans le cadre du débat sur le voile islamique, relève l’AFP. Le voile intégral et la burqa sont interdits depuis peu dans les hôpitaux et les bâtiments publics de Lombardie et de Vénétie, deux régions tenues par la Ligue du Nord qui veut étendre la mesure à tout le pays.

Plusieurs maires ont aussi essayé d’interdire le voile intégral au nom d’une vieille loi italienne interdisant de sortir le visage couvert, mais les tribunaux ont, jusqu’à présent, toujours annulé leurs arrêtés, au motif que ce voile résultait plus d’une tradition que d’une volonté de dissimuler son identité.

« Respecter les lois du pays d’accueil »

La décision de la Cour de cassation fait aussi écho aux propos du pape François qui, tout en demandant un large accueil des migrants, plaide aussi pour leur intégration, selon un « processus bidirectionnel » qui n’est ni « assimilation, ni incorporation », comme il le relevait en avril dans la revue italienne Libertà.

Ce processus, expliquait-il, n’est pas un « aplatissement de la culture de l’autre, ni même un isolement réciproque, avec le risque de” ghettoïsations” aussi néfastes que dangereuses », mais se fonde « essentiellement sur la reconnaissance mutuelle de la richesse culturelle de l’autre ».

Ceux qui arrivent « sont tenus à ne pas se fermer à la culture et aux traditions du pays d’accueil, en respectant avant tout ses lois », ajoutait François.

Nelly Fouks d’après Nicolas Senèze, à Rome