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POLOGNE : UN PAS EN AVANT VERS LA LAÏCITÉ

Varsovie a accueilli ces 21 et 22 octobre 2017, et ce pour la 1re fois en Pologne, une conférence sur la sécularité, à laquelle ÉGALE a été invitée à s’exprimer.

Cette conférence a été organisée par le Congrès pour la sécularité, association regroupant une plate-forme de 20 organisations luttant pour les Droits de l’Homme et pour la sécularisation ainsi que des groupes politiques ; ces différentes organisations travaillent ensemble depuis avril dernier pour réfléchir à la stratégie la plus pertinente pour parvenir à un État laïque dans les faits.

 

La  Pologne connaît une situation complexe sur la laïcité. 90% des Polonais se déclarent catholiques, les autres religions représentent environ 2% de la population et environ 8% se déclarent sans croyance, incroyante ou n’appartenant à aucune religion. L’Église catholique joue un rôle prépondérant dans la société. Cependant comme dans toutes les sociétés européennes, la sécularisation progresse lentement. La Constitution prévoit la liberté de conscience, pourtant, l’Église catholique bénéficie de privilèges de fait ou légaux, qui sont concrétisés par un concordat qui lui donne une force politique certaine et une capacité d’intervention dans tous les aspects de la vie. Par exemple, bien que l’enseignement religieux ne soit pas obligatoire à l’école, celui-ci est enseigné dès la maternelle dans  72% des établissements scolaires et l’État paye pour cela 31 625 catéchistes, principalement des curés ; l’épiscopat catholique demande que la religion soit une matière facultative au baccalauréat. L’État finance des « Universités cardinales », « Académies théologiques », « École supérieure philosophico-théologique  » et de nombreuses chaires théologiques à l’université.

Lors du Congrès, qui a réuni plus de 300 participants croyants ou non croyants, les débats ont souligné précisément les nombreux sujets de conflit existant du fait du manque de séparation stricte de l’Église catholique et de l’État polonais,  en matière de financement des Églises,  d’atteintes aux  droits des femmes, aux droits des enfants, aux droits des LGBT, à  la liberté de parole et à l’expression artistique. Les intervenants polonais ont dénoncé les privilèges juridiques et financiers importants de l’Église catholique.

 

Diverses autres associations européennes  étaient invitées pour présenter la façon dont la séparation entre les Églises et L’État, la sécularisation des sociétés et les principes de laïcité étaient mis en œuvre en Belgique, aux Pays-Bas, en Italie, en Norvège. ÉGALE a présenté la situation en France et dans l’Union européenne et a incité les associations nationales et européennes laïques à se coordonner afin de faire contrepoids aux organisations confessionnelles dans le cadre du  dialogue  auprès des institutions européennes et dans les débats dans la société civile.

Un Manifeste du Congrès pour la sécularité présenté par les organisateurs a été approuvé, pour la première fois dans l’histoire de la Pologne,  par les huit partis politiques polonais de gauche. Ce Manifeste plaide pour une Pologne plus laïque et demande notamment :

 

  • la suppression du financement public de toutes associations religieuses et des Églises.
  • Une éducation publique neutre.
  • La suppression de tous symboles  et cérémonies religieux dans les enceintes publiques et étatiques.
  • Le respect des standards internationaux en matière de droits de l’Homme, sans lien avec la religion.

Djémila Boulasha et Jean-Claude Boual

 (lire le manifeste en polonais ou en anglais dans suite)

publié le 30/10/2017