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Le président iranien a donc demandé à ce que des œuvres du Capitole à Rome exhibant la nudité humaine soient cachées à son regard. Les pratiques habituelles de Monsieur Rohani, y compris celles qu’il pourrait avoir dans sa salle de bains lorsqu’il évite de se regarder dans une glace, ne regardent que lui. Mais lorsqu’il cherche à nous les imposer, alors il nous faut distinguer entre la courtoisie que nous devons à un hôte, et des exigences inacceptables, parce que volontairement humiliantes pour nous. Comment ne pas voir que masquer nos œuvres d’art donne le signe d’une victoire pour l’ordre moral que porte Hassan Rohani ? Il pourra s’enorgueillir, une fois revenu dans son pays, d’avoir su montrer aux occidentaux la supériorité de ses valeurs sur les nôtres. Les Italiens sont-ils à ce point devenus incapables d’affirmer ce qu’ils sont et d’exiger d’être respectés par leurs visiteurs ? Ne pouvait-on pas emmener Hassan Rohani visiter le site de la Rome antique au lieu du musée du Capitole, puisqu’il ne supporte pas la vue de nos œuvres d’art ?

On se souvient que pour sa visite à Paris de la fin de l’année 2015 qui avait dû être annulée, il avait déjà demandé que le repas prévu à l’Élysée soit halal et qu’il n’y ait aucune bouteille de vin sur la table. En d’autres termes il exigeait que tous se conforment aux exigences de sa religion. Si l’on peut admettre qu’il ne lui soit servi que de la nourriture halal et pas de vin, on ne saurait accepter qu’il impose aux autres de se comporter comme lui. C’est bien là que se situe la ligne rouge que nous ne devrions jamais accepter de franchir.

Il faut rappeler que lorsque des officiels se rendent en Iran, les femmes de la délégation étrangère doivent se voiler conformément à la loi de ce pays. Il ne faut pas tolérer un respect à sens unique où nous serions les éternels redevables. Certes, nous avons besoin de Hassan Rohani pour régler politiquement le conflit syrien, mais il a besoin de nous pour sortir son pays de l’isolement. Dans la négociation qui s’annonce, les partenaires sont égaux. Par ses exigences, Hassan Rohani tente de prendre un ascendant sur les Européens et le laisser faire serait une faute.

Martine Cerf