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Accuser l’Éducation nationale de mettre dans ses programmes l’enseignement de la théorie du genre est une ineptie. Les propos tenus par le pape François renvoient au qualificatif que des prêtres obscurantistes donnaient à l’école publique au début du XXe siècle lorsqu’ils l’appelaient « l’école du diable ». Cette accusation relève d’une stratégie politique relayée en France par tous les partis et mouvements catholiques intégristes : la Manif Pour Tous, la fondation Lejeune, Civitas entre autres, qui fourbissent leurs armes en prévision des élections de 2017.

Les vieux mensonges que l’on croyait éculés seront recyclés pour servir les mêmes combats, auxquels le Saint-Siège n’a pas renoncé : abolir l’égalité entre les hommes et les femmes, revenir sur des libertés plus récemment acquises comme le mariage pour les homosexuels, la contraception, l’IVG. Pour cela les républicains de gauche comme de droite se doivent de rester fermes sur la démocratie et la laïcité, c’est-à-dire la séparation des Églises et de l’État, qui empêche tout clergé d’imposer des règles dites divines à la société.

Cette séparation avait commencé par la création de l’école publique et des enseignements laïques, ce n’est pas un hasard si c’est à cela que ses ennemis s’attaquent violemment.

Nous voilà maintenant prévenus : c’est la même stratégie qui a partiellement réussi en Espagne (avant d’échouer sur l’abrogation de l’IVG) et qui est en œuvre aujourd’hui en Hongrie et plus encore en Pologne où la démocratie et les libertés, dont celle d’avoir une IVG, sont battues en brèche. N’en doutons pas, cette stratégie se révélera au grand jour en France si les élections de 2017 confient la direction politique à un parti complaisant aux revendications d’idéologues religieux.

Nous saluons la mise au point très nette de la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud Belkacem, tout en déplorant qu’un ancien ministre, Emmanuel Macron trouve acceptable que pour certains les lois religieuses soient au-dessus des lois nationales.

Faut-il donc rappeler cette évidence que si chacun est libre de penser et de croire ce qu’il veut, ses actes en revanche doivent impérativement respecter le cadre de la même loi républicaine, librement élaborée par les représentants du peuple ?

Françoise Laborde et Martine Cerf