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Le gouvernement anglais, dans la droite ligne de sa conception communautariste de l’organisation de la société et afin de poursuivre dans la logique des tribunaux du Beth Din pour les juifs et des tribunaux de la charia pour les musulmans, les tribunaux sikhs sont maintenant une réalité. Comme pour les autres tribunaux communautaires, leurs recommandations s’appliquent aux citoyens qui le demandent et pour des questions familiales. Les tribunaux anglais étant ensuite responsable de l’application de ces recommandations. 

Indépendamment de la question importante de la rupture de l’égalité entre citoyens d’un même pays qui ne sont plus soumis aux mêmes lois, on fragilise les droits des femmes de religions minoritaires qui seront bien incapables de résister aux pressions familiales et sociales pour se conformer à un droit religieux qui leur est défavorable. A quoi sert de voter des lois prônant l’égalité des droits si le législateur donne toute liberté aux autorités religieuses pour continuer d’imposer leurs lois discriminatoires à l’égard des femmes ?

Selon l’association « One Law for all » : « Nos années d’expérience en première ligne nous montrent que, lorsque des chefs religieux sont impliqués, les cas d’abus domestiques et sexuels et de contrôle coercitif sont presque toujours niés ou interprétés comme des problèmes « mineurs » de « gestion de la colère » qui peuvent être résolus par la médiation en vue de réconcilier les parties. Loin de procéder à une évaluation correcte des risques ou d’informer les femmes de leurs droits à la protection en vertu du droit civil ou pénal, ils ont tendance à balayer les problèmes sous le tapis, au mieux, et au pire, ils reprochent aux femmes de défier l’autorité patriarcale. Des préoccupations similaires ont été exprimées par l’Independent Inquiry into Child Sexual Abuse (enquête indépendante sur les abus sexuels commis sur des enfants) dans son rapport 2021 axé spécifiquement sur les milieux religieux, dans lequel elle critiquait les autorités religieuses – dans les religions majoritaires et minoritaires – pour leurs « manquements flagrants » en matière de protection des enfants et pour avoir couvert des cas d’abus sexuels commis sur des enfants par leurs adeptes. »

Nous partageons pleinement ce point de vue et déplorons que le gouvernement britannique, sous couvert de fausse générosité, sacrifie ainsi les droits et la sécurité de femmes issues de religions minoritaires et les mettent dans l’incapacité de jouir des droits,des libertés et de la protection que la société anglaise est censée leur garantir.

Martine Cerf