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La Vigie de la Laïcité et Nicolas Cadène qui défendent le port du voile par des petites filles à l’Assemblée nationale, pensaient avoir raison de dire qu’une
personne (usager) peut assister à une réunion, dans une institution publique, en portant une kippa, un voile islamique ou une grande croix au nom de la liberté de conscience et d’exercice du culte garanties par loi de 1905 (article1) et de la Constitution (article 1). Sauf qu’il existe un règlement intérieur qui apporte une limitation à la tenue du public à l’Assemblée nationale comme au Sénat *.
L’article de la Vigie de la Laïcité ne le précise aucunement. Mais en l’espèce il ne s’agit pas de citoyens quelconques mais d’enfants, c’est-
à-dire des futurs citoyens qui méritent une protection contre toute emprise; j’y reviendrai.
La Vigie a rappelé, à juste titre, que la loi de 2004, interdisant le port par les élèves du premier et du second degré de signes religieux ostensibles, ne s’applique pas aux enfants concernés scolarisés dans une école privée ou libre, sous contrat.
Toutefois, je ferai observer que parler de liberté de conscience pour les fillettes voilées par la seule décision de parents pour les raisons énoncées ci-dessous relève toute simplement d’un contre-sens. Leurs consciences sont au mieux bridées, au pire contrariées par les parents.
Au titre du Budget du programme 104 du ministère de l’intérieur (Intégration), j’ai formé en 2025 -à la prise en main d’un kit pédagogique- les formateurs ou accompagnateurs de primo-arrivants et de bénéficiaires de protection internationale (BPI). Au cours de l’une de ces formations, avait été évoquée la
question du voilement des fillettes : certains parents justifient le voilement par le fait de soustraire la ou les fillettes au désir des autres !
Derrière ces réponses se dessine l’idée d’une sexualisation du corps des filles puisqu’il faut les protéger contre de potentiels prédateurs susceptibles de les agresser. Par association d’idée, cela pourrait signifier qu’une fillette non voilée pourrait susciter le désir d’autrui, c’est-à-dire un pédophile en puissance. Faut-il comprendre par-là qu’en cas d’agression, la fillette non voilée l’aurait cherché ?
Si le voilement des fillettes ne relève pas du droit de la laïcité, il est inexact de dire qu’il relève uniquement du débat d’idée, comme le fait la Vigie.
Ce voilement imposé à un enfant pourrait relever de la législation relative à la protection de l’enfance (Code des familles et loi de 2016 consacrant, entre
autres, l’intérêt supérieur de l’enfant).

Omar DERRAIS, Ingénieur en formation et formateur de formateurs « Laïcité et Valeurs de la République »
Concepteur d’outils pédagogiques « Comprendre la laïcité » (OD Formation)

  • 1- Règlement intérieur su Sénat. Article 91

    2. – Le public admis dans les tribunes se tient assis, découvert et en silence.

    Instructions générales du Bureau de l’Assemblée nationale. Article 8

    Pour être admis dans les tribunes, le public doit porter une tenue correcte. Il se tient assis, découvert

    et en silence ;