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La loi de séparation des Églises et de l’État aura 120 ans cette année et malgré tous les efforts de pédagogie de ces dernières années, force est de constater que le gouvernement oublie régulièrement ce que cela implique.

Il vient de décréter que les drapeaux devront être en berne sur les bâtiments publics, le jour des obsèques du pape François. Curieuse mesure en effet pour un État qui est censé ne reconnaître aucun culte et les traiter tous également ! Faut-il s’attendre au même hommage lors du décès d’un responsable musulman, juif ou bouddhiste ? On aurait pu espérer plus de rigueur d’un gouvernement qui soutient le plan de formation aux Valeurs de la République et de la Laïcité (VRL), ou continue de promouvoir les règles laïques à l’école, le respect de la Charte de la laïcité ou encore l’enseignement moral et civique.

Nous voilà aujourd’hui confrontés à un traitement d’exception consenti au catholicisme romain. Comment désormais faire la pédagogie d’un principe qui n’est pas respecté par ceux qui doivent le défendre ? Comment espérer que les citoyens s’y retrouvent dans une laïcité à dimension variable, un « deux poids deux mesures » tellement visible ? Nous qui sommes formateurs VRL et membres de la réserve citoyenne de l’Éducation nationale, nous ne savons pas comment nous pourrons répondre aux objections que nos interlocuteurs nous ferons sans aucun doute.

Sans nier son importance historique, on doit admettre qu’en 2025, le culte catholique concerne seulement une minorité de Français (29%) qui s’en revendiquent.

Plus grave, le pape François n’a cessé tout au long de son pontificat, d’afficher des divergences radicales avec nos valeurs de liberté et d’égalité. Il ne faudrait pas aujourd’hui tenter d’occulter cette réalité pour le transformer en un progressiste qu’il n’a jamais été.

Le pape François a toujours fustigé la laïcité française qu’il considérait comme « radicale ». Il prônait une « saine laïcité » qui aurait fait une place aux cultes dans la sphère politique…La traduction en clair de ces termes jésuitiques est que nous devrions renoncer à la séparation, trop radicale à son goût.

Ce même pape n’a cessé de s’attaquer au droit à l’avortement, allant jusqu’à traiter les médecins qui le pratiquaient de « tueurs à gages ». Il n’a cessé de recommander aux médecins catholiques de faire valoir leur clause de conscience afin de rendre, de fait, l’avortement impossible, faute de praticiens. Il n’a cessé de vouloir contrer les tentatives pour faire reconnaître ce droit par l’Union européenne.

Il a œuvré sans relâche pour que la loi sur la fin de vie ne soit pas votée en France, avec la complicité de responsables politiques assez peu respectueux de la démocratie pour vouloir à tout prix imposer leur point de vue à une écrasante majorité de Français qui réclament leur liberté de choix.

Nous n’oublions pas non plus que lors des attentats visant Charlie hebdo le 7 janvier 2015, le commentaire de François a été : « On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision ». On venait juste d’assassiner 12 personnes pour lesquelles il n’a pas eu un mot de solidarité, oubliant que le délit de blasphème n’existe plus en France.

Et c’est pour cet opposant notoire aux valeurs de liberté et d’égalité qu’on voudrait faire passer pour un progressiste, que nous devrions observer un deuil national, piétiner nos valeurs et mettre les drapeaux en berne ?

C’est juste affligeant.

Martine Cerf

Pour cosigner ce texte : https://chng.it/jhkW7jXJKM