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Le Sénat d’Alabama interdit l’avortement

Delphine Perez , 15/05/2019 www.leparisien.fr

Le Sénat d’Alabama interdit l’avortement

© AFP Manifestation d’activistes américains anti-avortement.

Le Sénat d’Alabama vote la loi la plus répressive des États-Unis.

Le droit à l’avortement est en grand danger aux États-Unis. Depuis le début de l’année, 28 des 50 États américains ont mis en place plus de 300 nouvelles règles pour en limiter drastiquement son accès.

Mardi, le Sénat d’Alabama a adopté le projet de loi le plus restrictif des États-Unis sur l’avortement. Une interdiction, même dans des cas de viol ou d’inceste, avec des peines allant jusqu’à l’emprisonnement à vie pour les médecins pratiquant des IVG.

Objectif Cour suprême

Ce texte a été transmis au Sénat majoritairement républicain. S’il est approuvé, il pourrait contribuer à déclencher une bataille judiciaire susceptible d’aller en Cour suprême.

L’objectif avoué des promoteurs du texte est de se retrouver devant la Cour suprême des États-Unis, à majorité conservatrice. Il s’agit de renverser sa décision emblématique de 1973, « Roe v. Wade » qui reconnaît le droit des femmes à avorter tant que le fœtus n’est pas viable.

Le texte de l’État d’Alabama s’attaque aux médecins. Les praticiens pratiquant l’avortement seront passibles de peines de prison de 10 à 99 ans, sauf en cas d’urgence vitale pour la mère ou d’ « anomalie létale » du fœtus.

La puissante organisation de défense des droits civiques ACLU a déjà fait savoir qu’elle saisirait la justice pour empêcher l’application de ce texte.

« Ce texte punit les victimes de viol et d’inceste en les privant encore plus du droit à disposer de leur propre corps et en les obligeant à donner naissance », selon l’ACLU.

« Un loi non-constitutionnelle »

L’organisation féministe américaine National Organization for Women a qualifié la loi d’« inconstitutionnelle », estimant que sa mise en application « renverrait les femmes de l’État aux jours noirs durant lesquels les parlementaires contrôlaient leur corps, leur santé et leur vie ».

« Vous venez de violer vous-même l’État de l’Alabama », a déclaré pour sa part Bobby Singleton, membre démocrate du Sénat, après le rejet par les sénateurs d’un amendement demandant des exceptions à l’interdiction de l’avortement.

« Vous dites à ma fille : tu ne comptes pas dans l’Etat de l’Alabama… Les hommes peuvent te violer et tu auras ce bébé si tu tombes enceinte », a-t-il ajouté, la voix parfois tremblante d’émotion.

Une attaque de grande ampleur

Le projet avait été adopté début mai par la Chambre des représentants de l’Alabama.

Le président du Sénat de l’État, Will Ainsworth, a salué « une étape majeure dans la défense des droits de l’enfant à naître », ajoutant : « alors que des États libéraux approuvent l’avortement tardif ou post-natal, Roe doit être combattu et je suis fier que l’Alabama ouvre la voie ». Plusieurs États conservateurs envisagent des lois anti-avortement tandis que des États libéraux cherchent à garantir le droit à l’interruption volontaire de grossesse en l’inscrivant dans leurs Constitutions. […]