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Le pape François n’est pas venu à la réouverture de Notre Dame de Paris le 8 décembre malgré l’invitation d’Emmanuel Macron, qui, par ailleurs, ne souhaitait pas sa présence. Mais, il est venu le 15 décembre en Corse pour participer à un colloque sur « La religiosité populaire en Méditerranée », sans venir en France. C’est la troisième fois que le pape vient sur le sol français sans venir en France.

En ce début décembre 2024, le principe de séparation des Églises et de l’État a été mis à mal aussi bien par le pape que par nos dirigeants politiques nationaux et locaux. Le choix d’Emmanuel Macron de rouvrir Notre Dame de Paris le 8 décembre veille de l’anniversaire de la loi de séparation n’avait rien d’innocent ; il en est de même pour la venue du pape en Corse à l’invitation du cardinal- évêque d’Ajaccio. La célébration noyée en somme dans la « piété populaire » !

Le pape François, comme quasiment tous ses prédécesseurs, n’a jamais beaucoup apprécié la laïcité telle qu’elle s’est construite en France. Dans une interview au journal La Croix le 16 mai 2016 il disait notamment à propos de la laïcité en France : « La petite critique que j’adresserais à la France à cet égard est d’exagérer la laïcité. » et il poursuivait mettant en cause les Lumières « Cela provient d’une manière de considérer les religions comme une sous-culture et non comme une culture à part entière. Je crains que cette approche, qui se comprend par l’héritage des Lumières, ne demeure encore. La France devrait faire un pas en avant à ce sujet pour accepter que l’ouverture à la transcendance soit un droit pour tous ». La liberté de conscience, de religion et de culte qui en découle étant garantie à tous, la transcendance est bien un droit pour ceux qui y sont sensibles, ainsi que la non transcendance pour ceux qui n’y sont pas sensibles ? En fait, le pape ouvre un non sujet, afin de critiquer par le biais la laïcité. Et il conclut cette interview par « D’un côté, cette laïcité exagérée, l’héritage de la Révolution française et de l’autre, tant de grands saints »1 comme si les choses étaient équivalentes.

Pour mieux saisir l’enjeu politique de la visite du pape en Corse il n’est pas inutile de revenir sur ses précédents voyages en terre de France. Le 25 novembre 2014 il était à Strasbourg, où il a prononcé un discours devant le Conseil de l’Europe et un devant le Parlement européen (PE), le 22 septembre 2023 il était à Marseille et le 15 décembre 2024 à Ajaccio.

Le discours devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg

Dans son discours devant le Conseil de l’Europe le pape a commencé par plaider pour la paix, pour construire la paix, tâche permanente. Il a dénoncé les trafics d’armes et d’êtres humains et le « terrorisme religieux et international », « Cependant, la paix n’est pas la simple absence de guerres, de conflits et de tensions. Dans la vision chrétienne, elle est, en même temps, don de Dieu et fruit de l’action libre et raisonnable de l’homme qui entend poursuivre le bien commun dans la vérité et dans l’amour. « Cet ordre rationnel et moral s’appuie précisément sur la décision de la conscience des êtres humains à la recherche de l’harmonie dans leurs rapports réciproques, dans le respect de la justice pour tous » a t-il précisé.

Puis, s’appuyant sur le poète italien Clemente Rebora, qui dans un poème développe l’image d’un peuplier qui déploie ses branches agitées par le vent vers le ciel et son tronc solide et ferme sur ses racines, insiste sur la nécessité « pour marcher vers l’avenir, il faut le passé de profondes racines et… du courage » et donc rechercher la « vérité » , faute de quoi se « substitue à la conception de droit humain universel, l’idée de droit individualiste » avec « une mentalité scientifique qui isole. »

Il insiste sur les relations humaines et affirme : « Aujourd’hui nous avons devant les yeux l’image d’une Europe blessée » et interroge « A l’Europe, nous pouvons demander ; où est ta vigueur », il insiste sur l’aspect multiculturel de l’Europe et sur la nécessité de transversalité pour le dialogue intergénérationnel en sortant des « organismes » politiques religieux, culturels. « Dans cette perspective, j’accueille positivement la volonté du Conseil de l’Europe d’investir dans le dialogue inter-culturel, y compris dans sa dimension religieuse, par les Rencontres sur la dimension religieuse du dialogue interculturel. Il s’agit d’une occasion propice pour un échange ouvert, respectueux et enrichissant entre personnes et groupes de diverses origine, tradition ethnique, linguistique et religieuse, dans un esprit de compréhension et de respect mutuel. » précise-t-il. Il insiste sur l’apport « que le christianisme peut fournir au développement culturel et social européen dans le cadre d’une relation correcte entre religion et société », afin de « tirer profit d’un lien renouvelé entre les deux domaines, soit pour faire face à un fondamentalisme religieux qui est surtout ennemi de Dieu, soit pour remédier à une raison « réduite », qui ne fait pas honneur à l’homme. » Il indique que le « Saint-Siège entend continuer sa propre collaboration avec le Conseil de L’Europe » et termine son discours en affirmant : « Je souhaite que l’Europe, en redécouvrant son patrimoine historique et la profondeur de ses racines, en assumant sa vivante multipolarité et le phénomène de la transversalité en dialogue, retrouve cette jeunesse d’esprit qui l’a rendue féconde et grande. » façon subliminale de revenir aux  racines chrétiennes de l’Europe.

Le discours devant le Parlement européen

Il s’est adressé au PE « à partir de ma vocation de pasteur », pas comme Chef d’État, par « Un message d’espérance fondé sur la confiance …. L’espérance dans le Seigneur qui transforme le mal en bien, et la mort en vie. » , il a insisté sur : « le lien étroit qui existe entre ces deux paroles : « dignité » et « transcendante ».

« Parler de la dignité transcendante de l’homme signifie donc faire appel à sa nature, à sa capacité innée de distinguer le bien du mal, à cette « boussole » inscrite dans nos cœurs et que Dieu a imprimée dans l’univers créé ; cela signifie surtout de regarder l’homme non pas comme un absolu, mais comme un être relationnel. » … Précisément à partir de la nécessité d’une ouverture au transcendant, je veux affirmer la centralité de la personne humaine, qui se trouve autrement à la merci des modes et des pouvoirs du moment. En ce sens j’estime fondamental, non seulement le patrimoine que le christianisme a laissé dans le passé pour la formation socioculturelle du continent, mais surtout la contribution qu’il veut donner, aujourd’hui et dans l’avenir, à sa croissance. Cette contribution n’est pas un danger pour la laïcité des États ni pour l’indépendance des institutions de l’Union, mais au contraire un enrichissement. Les idéaux qui l’ont formée dès l’origine le montrent bien: la paix, la subsidiarité et la solidarité réciproque, un humanisme centré sur le respect de la dignité de la personne.

Je désire donc renouveler la disponibilité du Saint Siège et de l’Église catholique – à travers la Commission des Conférences Épiscopales Européennes (COMECE) – pour entretenir un dialogue profitable, ouvert et transparent avec les institutions de l’Union Européenne. De même, je suis convaincu qu’une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que « c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence » ?

Il a aussi parlé écologie avec une terre qui nous est prêtée, émigration avec la nécessité de bien les accueillir, droits individuels qui, portés à l’excès, détruisent le commun etc. et considéré qu’« on a une impression générale de fatigue, de vieillissement, d’une Europe grand-mère et non plus féconde et vivante. »

Le pape à Marseille

A Marseille le pape a fait quatre interventions, une homélie au stade Vélodrome sur « le tressaillement de foi » avec une messe dont il n’y a rien de spécial à dire du point de vue de la laïcité, un discours au palais du Pharo, un discours au mémorial aux marins et aux migrants disparus en mer et des « paroles » à Notre-Dame de la Garde. Le pape a été accueilli par la Première ministre Élisabeth Borne, le Président de la République l’a rencontré à cette occasion, alors que le pape n’est pas venu en France mais simplement à Marseille ! car ce qui le préoccupe, c’est la Méditerranée. A la fin de sa visite le pape a remercié les autorités françaises pour leur accueil : « Arrivé au terme de cette visite, je tiens à exprimer ma gratitude pour l’accueil chaleureux qui m’a été réservé, ainsi que pour tout le travail et les préparatifs qui ont été faits. Je remercie Monsieur le Président de la République et, à travers lui, je salue cordialement toutes les Françaises et tous les Français. Je salue Madame le Premier Ministre, qui est venue m’accueillir à l’aéroport ; je salue également les Autorités présentes, en particulier le Maire de Marseille. » A Notre-Dame de la Garde, les « Paroles » de François s’adressent au évêques et prêtres, les exhortant à la compassion, au pardon, à Marie et proclame : « port (er)ons à nos frères le regard de Dieu, portons à Dieu la soif de nos frères, répandons la joie de l’Évangile. »

Le discours du Prado est essentiellement consacré à l’accueil des migrants et au rôle que peut y tenir Marseille, ville « composite et cosmopolite », « mosaïque d’espérance, avec sa grande tradition multiethnique » , « source de la Méditerranée ». « N’oublie pas l’hospitalité » et le devoir de charité  a insisté le pape. En fin de discours il a toutefois précisé : « Frères et sœurs, le défi est aussi celui d’une théologie méditerranéenne – la théologie doit être enracinée dans la vie ; une théologie de laboratoire ne fonctionne pas – qui développe une pensée qui adhère au réel, « maison » de l’humain et pas seulement des données techniques, en mesure d’unir les générations en reliant mémoire et avenir, et de promouvoir avec originalité le chemin œcuménique entre chrétiens et le dialogue entre croyants de religions différentes. » Le pape ne néglige jamais de rappeler que la raison est pauvre et insuffisante sans la dimension spirituelle rattachée à dieu.

Au mémorial dédié aux marins et aux migrants disparus en mer, François a consacré son discours à l’accueil des migrants et à la mémoire de ceux disparus en mer. « Trop de personnes, fuyant les conflits, la pauvreté et les catastrophes environnementales, trouvent dans les flots de la Méditerranée le rejet définitif de leur quête d’un avenir meilleur. C’est ainsi que cette mer magnifique est devenue un immense cimetière où de nombreux frères et sœurs se trouvent même privés du droit à une tombe, et où seule est ensevelie la dignité humaine. »

Notre-Dame de paris

François n’est pas venu à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame à Paris le 8 décembre malgré les invitations réitérées d’Emmanuel Macron. « Je n’irai pas à Paris » avait annoncé le pape le 13 septembre à son retour d’Asie. Il n’aime pas « les grandes messes » mais apprécie les « messes de proximité »… avec plusieurs dizaines de milliers de fidèles. C’est pour cela qu’il a préféré la Corse à Paris, la Corse ou Marseille à « la France ». La cathédrale est propriété de l’État, c’est lui qui a dirigé et financé en partie la reconstruction2. Emmanuel Macron en a fait une affaire personnelle et en a profité pour se mettre en scène avec d’autant plus de joie que les délais fixés ont été respectés grâce à des lois spécifiques qui ont consisté à ne pas appliquer les lois. Pour la cérémonie d’ouverture, E.Macron a donc voulu capitaliser sur sa réussite et a invité la moitié des sommités de la planète qui est venue à Paris. S’il n’est pas anormal que la célébration de la fin du chantier fasse l’objet d’une cérémonie étatique, il n’y avait pas obligation pour le chef de l’État de participer aux cérémonies religieuses et aux offices religieux, faisant, encore une fois, des entorses au principe de séparation des Églises et de l’État et à la laïcité. Ces entorses de plus en plus fréquentes ne sont-elles pas devenu une politique des autorités françaises à tous les niveaux ?

Le pape en Corse

C’est donc à l’invitation de l’évêque d’Ajaccio que le pape s’est rendu en Corse, département français, mettant l’État devant le fait accompli. Une façon de dire aux autorités publiques que l’espace public appartient à l’Église catholique. Les coups de griffe à la séparation des pouvoirs et à la loi du 9 décembre 1905 ont été nombreux au cours de cette journée, la présence du ministre de l’Intérieur (démissionnaire mais toujours en fonction) à la messe, le discours de la présidente de l’Assemblée corse, Marie-Antoinette Maupertuis en début de cérémonie, la fanfare de la garde républicaine, la présence de plusieurs élus du « continent » dont le maire socialiste de Marseille et bien entendu les principaux élus corses. Certes, le pape a mis en garde contre l’« instrumentalisation politique de la religion », indiquant : « la piété populaire soit utilisée, instrumentalisée par des groupes qui entendent renforcer leur identité de manière polémique en alimentant des particularismes, des oppositions, des attitudes d’exclusion », mais n’a trouvé rien à redire à la présence d’une immense crèche de Noël de quatre mètres dans le hall de la mairie d’Ajaccio. De même, le Président de la République était-il obligé de se déplacer en Corse en fin de journée pour rencontrer le pape qui faisait un voyage privé apostolique pour assister à un colloque ? La seule obligation de l’État au nom de la séparation était d’assurer la sécurité et l’ordre public pour une manifestation dans l’espace public, comme pour n’importe quelle autre manifestation déclarée.

Par ailleurs, il convient de s’interroger sur la signification politique de ce voyage en Corse, mais pas en France. Plusieurs signes donnent une orientation : la bienvenue souhaitée en Corse sur la banderole en forme de croix sur le devant de l’hôtel San Carlu à Ajaccio, la déclaration de Gilles Simeoni, président de l’exécutif de Corse « Grâce au colloque de ce Week-end, elle (la venue du pape) peut peut-être contribuer au débat sur la laïcité et religiosité, pour poser un cadre de réflexion sur la religion et l’espace public » , comme si les choses n’étaient pas claires dans leurs principes, l’ouverture de la messe en corse de la présidente de l’Assemblée corse Marie-Antoinette Maupertuis, les échanges politiques avec les indépendantistes, tel Jean-Guy Talamoni. Il y a bien comme une forme de soutien aux indépendantistes dans ces manifestations et un positionnement politique, pas seulement religieux.

Venant sur un territoire français, bien que ne venant pas en France, le pape a réaffirmé ses positions sur la laïcité, véritable objet de son voyage. Le Figaro du lundi 16 décembre, de fait, le confirme, il note : « Curieusement…, aucune des interventions du pape n’a abordé la délicate question des migrations en Méditerranée. Le sujet a été purement et simplement évité alors que François ne se prive jamais d’aborder la question de la défense des migrants. C’est plutôt la laïcité, avec le rôle et la place du sacré dans la vie publique qui a été au centre de ses interventions. »

Lors du congrès sur « La religiosité populaire en méditerranée », prétexte du déplacement du pape, il a donné un premier avis sur la laïcité, elle doit être évolutive, « capable de s’adapter à des situations différentes ou imprévues et de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l’ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de ses compétences et de son espace. » La formule révèle bien toute l’habileté jésuistique du pape, qui estime que la loi laïque devrait s’adapter aux agissements des religions. « La foi ne reste pas un fait privé qui s’épuise dans le sanctuaire de la conscience » a t-il affirmé, phrase « qui restera comme la phrase forte du jour » toujours d’après Le Figaro. Et, il a poursuivi : « Nous devons être attentif à un développement, que je qualifierais d’hérétique, qui est celui de la privatisation de la foi ». Il faut promouvoir une « citoyenneté constructive » fondée sur une « laïcité qui n’est pas statique ou figée », … « les croyants peuvent se retrouver sur un chemin commun avec les institutions laïques, civiles et politiques, pour travailler ensemble à la croissance humaine intégrale »… , « sans tomber dans des jugements idéologiques qui opposent la culture chrétienne et la culture laïque » … « Une telle saine laïcité garantit à la politique d’opérer sans instrumentaliser la religion, et à la religion de vivre librement sans s’alourdir du politique dicté par l’intérêt, et quelquefois peu conforme à la croyance. C’est pourquoi la saine laïcité, unité et distincte, est nécessaire et même indispensable aux deux » prolongeant ainsi la « laïcité à la corse » du cardinal évêque d’Ajaccio Bustillo initiateur du voyage papal.

Le pape souhaite ré-évangéliser l’Europe qu’il trouve trop indifférente à Dieu, « La foi chrétienne a éclairé la vie des peuples et leurs institutions politiques (ici le pape semble oublier que c’est l’Eglise catholique qui s’est coulée dans les institutions politiques et territoriales de l’Empire romain), alors qu’aujourd’hui surtout dans les pays européens, la question de Dieu semble s’estomper ; et nous nous retrouvons toujours plus indifférents à sa présence et à sa parole », donnant à la Corse un statut de camp de base d’« exemple vertueux en Europe » pour cette reconquête, fidèle en cela à ses prédécesseurs, qui souhaitaient inclure Dieu dans les traités de l’Union européenne.

Tous les commentateurs ont souligné la piété des Corses, leur ferveur religieuse, leur fierté d’avoir reçu le pape, 90 % des Corses se déclarant catholiques, comme s’il s’agissait d’un pied de nez dans une France très sécularisée et dont la laïcité est un principe constitutionnel. Pourtant, un étonnant retour à la fin du Moyen-âge semble en cours. Créées au début du Xvème siècle, les « confréries », associations de laïcs placées sous la supervision d’un curé et pour la majorité d’entre elles exclusivement masculines, souvent proche des indépendantistes, sont en train de renaître. Elles étaient tombées en désuétude depuis le début du XXème siècle. Relancées il y a une vingtaine d’années, quatre-vingt douze confréries regroupant trois mille Corses existent aujourd’hui. Mille quatre cents d’entre eux ont participé aux différentes cérémonies le 15 décembre (chants polyphoniques et participation à l’office en langue corse, défilé avec les bannières). « Les confréries sont très importantes ici » … « Dans une confrérie, on s’engage pour aimer le Seigneur » explique Mgr Bustillo et il précise : « C’est un renouvellement extraordinaire. Pour beaucoup de jeunes, c’est un motif d’engagement. Nous essayons de trouver la bonne manière de les accompagner, notamment en les invitant à vivre les sacrements chrétiens ». Elles ont été particulièrement appréciées par François, qui à l’issue du colloque a précisé : « La piété populaire, les processions et les rogations, les activités caritatives des confréries, la prière communautaire du Saint rosaire et d’autres formes de dévotion peuvent nourrir cette « citoyenneté constructive ».

Pour conclure

En fait, rien de nouveau au fond de la part de l’Église catholique, si ce n’est une offensive contre la laïcité. La laïcité est le résultat d’un long combat pour l’émancipation, pour la liberté, pour la liberté de pensée et de conscience. Les Églises (les religions) ont longtemps contrôler les sociétés, elles ne peuvent accepter la perte de ce contrôle qu’implique la laïcité, elles veulent maintenir ce contrôle tout en acquérant leur totale liberté vis à vis des autorités publiques. Dans beaucoup de pays elles contrôle encore les sociétés, l’enjeu pour elles est de reprendre la main dans les pays où elles l’ont perdu soit partiellement, soit quasi totalement. De ce point de vue, la France est un pays stratégique, c’est le seul pays où la laïcité est constitutionnelle, la faire céder, même partiellement, est donc essentiel de leur point de vue.

Il s’agit bien d’une stratégie, pas d’un complot, une stratégie de long terme. Les religions n’ont jamais admis les principes de laïcité, seul le rapport de force politique, social, culturel a permis de les leur faire accepter. Pourtant, la laïcité est le seul principe existant pour assurer la liberté de conscience pour tous, croyants et non croyants, ces croyances ou non croyances étant bien affaires personnelles, contrairement à ce qu’affirme le pape François. La laïcité est le seul principe qui assure pleinement la liberté totale de religion , de toutes les religions et assure la pluralité de religion. Nos sociétés se sécularisent lentement depuis plusieurs siècles, les opinions, les convictions, les croyances se diversifient de ce fait. La laïcité est le seul principe qui prend en compte ce phénomène de société dans toutes ses conséquences, le seul principe universel qui permet la cohabitation de tous sans tomber dans les communautarismes, sources de divisions , de conflits et de guerres. C’est pour cela aussi qu’elle est précieuse, qu’elle est si nécessaire, si indispensable et qu’elle mérite qu’on la promeuve dans toutes les sociétés.

Jean Claude Boual

23 décembre 2024

1Voir « La laïcité en Europe- Un combat d’actualité pour une idée neuve » pages 32-33, Jean Claude Boual , L’harmattan, avril 2024.

2Il n’est pas inutile de préciser que les dons sont défiscalisés au 2/3, et que donc la majorité du financement de la reconstruction revient aux finances publiques par intermédiaire de cette défiscalisation, autant de manque à gagner pour l’État.