Pour un citoyen attaché aux valeurs républicaines et à la laïcité, le vote des 30 juin et du 7 juillet sera compliqué. Il n’est plus si simple d’adhérer au programme d’un parti et de voter pour son représentant dans sa circonscription.
Nathalie Heinich, dans une récente tribune publiée par Le Monde décrivait le désarroi des électeurs de gauche qui avaient espéré retrouver dans la liste de Raphaël Glucksmann aux européennes, le souffle d’un renouveau. Mais « Il n’aura fallu que quelques heures pour que, tels les enfants dans le roman d’Hector Malot, nous nous retrouvions « sans famille » : sans famille politique ».
Comment sortir de ce dilemme, proche de la sidération dans lequel nous sommes plongés depuis la décision du Président de la république de dissoudre en espérant « une clarification » de l’échiquier politique ? Comment rester cohérent avec les valeurs que nous avons toujours portées, alors qu’elles sont au sein d’une même coalition défendues par les uns et piétinées par les autres ? Que l’antisémitisme, la xénophobie et l’homophobie affichés de certains candidats cohabitent avec des déclarations de fidélité aux valeurs de la république ?
La république est en danger comme elle ne l’avait plus été depuis la fin de la dernière guerre. L’extrême droite xénophobe et raciste est en position de favorite et pourrait bien être appelée à constituer le prochain gouvernement. Le nouveau « front populaire » qui se revendique de valeurs bien peu portées par les membres des partis LFI et NPA n’inspire qu’une confiance limitée à nombre d’électeurs de gauche. La formation Ensemble est plus crédible sur l’affirmation de ces valeurs, mais beaucoup de ses membres ont soutenu les politiques intransigeantes de ces dernières années qui nous ont conduits à la situation présente…
Qu’il me soit permis d’esquisser ici une méthode de réflexion que les électeurs républicains et laïques pourraient mettre en place pour se déterminer : d’abord se souvenir que nos voix n’ont qu’une portée locale dans ces législatives : nous sommes appelés à élire un représentant de notre circonscription, pas le premier ministre. Alors, il nous revient d’analyser avec rigueur qui sont les candidats en présence, qui est celui ou celle qui a le mieux fait la preuve de la solidité de ses convictions, qui n’est pas prêt à les monnayer contre un siège ou un poste, qui a décidé de se battre pour que notre modèle de république laïque et sociale soit préservé, au sein d’une Europe forte et prête à résister aux attaques plus ou moins larvées des dictatures qui rêvent de l’abattre.
Selon les circonscriptions, il est probable que ce ou cette candidate ne sera pas présenté par le même parti, mais aujourd’hui, c’est bien aux citoyens qu’il revient d’œuvrer pour que notre assemblée nationale comporte une majorité de démocrates républicains et laïques… En espérant qu’ils sauront s’entendre pour gouverner ensemble.
Martine Cerf