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Un rapport intitulé   Laicite, bilan et perspectives a été publié en août 2025 par un comité d’études co présidé par l’ex-députée Christiane Pelchat et le professeur de droit Guillaume Rousseau. Ce comité, mandaté par le gouvernement Legault devait réfléchir à un renforcement de la Loi sur la laïcité de l’État québécois.

Dans l’analyse qu’en fait le journal le Devoir, on peut lire, entre autres préconisations : l’interdiction de porter des signes religieux pour les personnels des services pubiics de la petite enfance ou ceux qui sont subventionnées par l’État, de couvrir son visage pour  les élèves des cégep (collège d’enseignement général et professionnel, enseignement post bac) pour les élèves, le refus des salles de prière sur les campus (ce que demandent les recteurs des quatre universités de l’État), la fin des subventions aux écoles religieuses…

L’intention générale est claire : renforcer la laïcité en clarifiant les lois qui en régissent l’application et protéger les élèves de toute pression religieuse quand ils fréquentent une institution de l’État.

Le Devoir rapporte les propos de Christiane Pelchat : « Accepter que des femmes soient complètement voilées durant un cours est aussi une « atteinte à la dignité des femmes », qui déplore aussi un « climat de religiosité » dans certains établissements ».

Le comité Pelchat-Rousseau recommande aussi que l’on mette fin « progressivement » au financement public des écoles privées religieuses et suggère la création d’un fonds pour les aider à se laïciser. Une mesure qui, si elle était envisagée en France, trouverait un écho plus que favorable auprès des organisations laïques.

Plusieurs autres recommandations témoignent de la volonté de ne pas voir une emprise religieuse s’exercer sur la société :

  • Interdire la représentation et le port de signes religieux sur les affiches et dans les publicités du gouvernement.
  • Mettre fin de façon progressive aux subventions et aux avantages fiscaux accordés aux organismes religieux, tout en créant un fonds pour leur laïcisation.
  • Préciser dans la loi qu’une personne qui reçoit un service public ne peut pas exiger d’être servie par un employé d’un sexe particulier.
  • Mettre fin à la pratique qui consiste à aviser les parents d’élèves qu’un contenu lié à la sexualité sera enseigné à leurs enfants.
  • Créer un organisme indépendant veillant au respect de la laïcité.
  • Mettre fin au financement des groupes antiavortement.

Christiane Pelchat insiste également sur l’importance de clarifier la notion juridique d’égalité entre les femmes et les hommes et le rôle que joue la laïcité dans le respect de cette égalité.

Le Québec, alors qu’il affirme ses valeurs laïques dans un objectif d’émancipation, se heurte régulièrement à l’incompréhension et à l’opposition parfois virulente des États anglophones du Canada, qui ont toujours autant de mal à comprendre que la laïcité est avant tout un principe de liberté et d’émancipation.

Martine Cerf