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L’Union européenne n’est pas laïque, ça, on le savait. Pas de séparation entre Églises et institutions politiques, mais une neutralité des institutions et un dialogue institutionnel avec les représentants des religions et ceux des associations philosophiques et non confessionnelles. ÉGALE a régulièrement participé aux travaux avec les organisations philosophiques et non confessionnelles et chaque fois, nous avons tenté d’apporter une contribution positive à la construction européenne en faisant des propositions concrètes.

Qu’en a-t-il été dans la pratique ? Les religions sont bien plus nombreuses que les associations philosophiques et non confessionnelles. Elles sont également plus structurées et organisées pour mener un lobbying efficace avec des collaborateurs professionnels salariés et de nombreux bénévoles. Elles bénéficient d’un ascendant étonnant sur les élus et de façon surprenante, ne rencontrent aucun démenti lorsqu’elles disent représenter, qui les catholiques, qui les adventistes, qui les bouddhistes etc…Aucun élu (démocratiquement élu) ne leur a jamais rappelé que leurs coreligionnaires ne les avaient pas mandatés pour les représenter politiquement, ni même pour autre chose, puisqu’ils sont nombreux à être simplement nommés par leur hiérarchie au poste qu’ils occupent. En réalité, et il serait opportun de ne pas l’oublier, ils ne parlent qu’au nom de leur doctrine religieuse et de leur institution et affichent des préoccupations qui sont assez différentes de celles des citoyens. On le constate dès qu’il s’agit de l’égalité hommes/femmes, d’IVG, de PMA, de bioéthique…

Pourtant les institutions européennes continuent de leur donner la préférence et les symptômes de cet état de fait se multiplient : deux réunions par an avec eux, une seule avec les organisations non confessionnelles, des responsables au plus haut niveau qui se déplacent systématiquement pour les rencontrer, ce qu’ils ne font pas pour nous, l’acharnement à défendre la liberté de religion tandis que la liberté de conscience est passée sous silence…Une tentative en cours pour installer une structure de dialogue permanente avec les responsables des cultes auprès du Parlement…Et maintenant une plateforme d’échange entre les organisations travaillant sur la foi et l’inclusion sociale financée par l’Union européenne qui prétend affirmer le rôle social positif des religions. Pas un mot de l’action sociale d’acteurs laïques, ni des graves dangers que l’on court à vouloir se déclarer comme athée et libre penseur dans un grand nombre de pays.

Les citoyens athées, agnostiques et indifférents aux religions, majoritaires dans l’Union européenne auront-ils encore la possibilité de se faire entendre au cours de cette législature ? Être entendus, c’est à dire pas seulement poliment écoutés sans qu’on ne fasse rien de ce qu’ils demandent, mais reconnus et respectés enfin comme les textes législatifs  européens l’exigent.

Martine Cerf