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La France a fait le choix de la séparation des Eglises et de l’Etat en 1905. Ce faisant, elle a tiré un trait sur des siècles de conflits de pouvoir entre le religieux et le politique et aux massacres dont la mémoire collective conserve encore le souvenir. Mais elle n’est pas allée au bout de sa logique. En Alsace et en Moselle, les élus locaux continuent de défendre leur régime dérogatoire calqué sur le concordat au motif que la population y serait favorable. Mais voilà que cet argument s’effondre, car ladite population serait au contraire majoritairement favorable à l’abrogation du concordat et à l’arrêt du financement public des cultes reconnus !

Il suffit pour cela de lire le rapport que l’IFOP vient d’effectuer à la demande du Grand Orient de France. Alors que la plupart des élus et défenseurs du droit local se prétendaient les porte paroles des Alsaciens et Mosellans, et plaidaient avec rage pour qu’on préserve ce régime en compensation des « souffrances historiques » subies par les Alsaciens et Mosellans, l’opinion publique des trois départements les contredit clairement.

il est vrai que les parents d’élèves s’étaient déjà prononcés sur la question puisque moins de 50 % d’enfants du primaire suivaient l’enseignement religieux, très peu au collège et quasiment aucun au lycée !

Et que dire des régimes encore en vigueur en Guyane et Saint-Pierre-et-Miquelon ? Le premier date de Charles X, lorsque le catholicisme était religion d’État et le second des décrets Mendel, quand la France avait des « colonies » et des « missions ». N’en déplaise aux conservateurs, ces territoires sont des départements français et nos concitoyens méritent de bénéficier, eux aussi, de l’égalité républicaine. Ni plus ni moins.

Il serait bon que les sénateurs qui débattent de la future loi sur le respect des principes de la République s’en souviennent.

Martine Cerf