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Que penser du discours du Président de la république du 18 février à Mulhouse, sur la lutte contre le « séparatisme islamique » ?

On peut constater que sa perception de la laïcité n’est pas la nôtre, car elle est associée à la liberté religieuse plus qu’à la liberté de conscience. Même s’il concède parfois qu’on peut ne pas croire, il affirme entre les lignes de toutes ses formulations que la norme serait d’avoir une religion. Les autres convictions étant englobées dans le fait « de ne pas croire ». Parlant de la laïcité, le président Macron s’appuie sur la loi, et la lettre de la loi. Il occulte la volonté émancipatrice de la laïcité, non inscrite dans le texte de la loi de 1905, mais maintes fois réaffirmée par ses promoteurs. Il la remplace par une simple neutralité qui n’incomberait qu’à l’État, les citoyens étant libérés de toute contrainte autre que le respect la loi. Mais que serait l’avenir d’une République laïque, si ses principes n’étaient soutenus par les citoyens ?

Pour ce qui concerne les mesures elles-mêmes, la plupart vont sans aucun doute dans le bon sens : contrôler les investissements étrangers qui s’accompagnent de la volonté de répandre une idéologie contraire aux valeurs de la République, remplacer les enseignements ELCO par des enseignements contrôlés par l’Éducation nationale (qui veillera à l’étude de la littérature plutôt qu’à celle des textes dits sacrés), renoncer aux psalmodieurs et imams importés, agir contre la déscolarisation, les écoles hors contrats aux programmes douteux, soutenir les associations de quartiers, restaurer la présence de l’État…Ces mesures vont dans le bon sens, pour peu qu’elles soient réelles. On peut en douter, comme de l’affirmation que les subventions aux associations de quartiers ont augmenté dans les trois dernières années ! Quant à la présence de l’État dans tous les territoires de la République, il manque encore le grand projet qui inverserait la tendance à la fermeture des services publics dans les lieux abandonnés ces dernières années.

Alors oui, ces mesures amorcent une politique, mais certainement pas de nature à faire barrage aux graves questions posées par l’infiltration des frères musulmans dont le projet avoué est d’islamiser la société en retournant contre elle ses propres principes démocratiques ou par l’imprégnation des idées salafistes qui conduisent ses adeptes à se tenir en marge d’une société dont ils exècrent les valeurs. Saluons à ce propos le récent manifeste de la Grande Mosquée de Paris : « Prévenir la radicalisation, vingt recommandations pour traiter les menaces qui pèsent sur la société française et sur l’islam ».

Les idées que le gouvernement veut combattre sont largement véhiculées par certains de nos concitoyens. Pour lutter contre ces projets de société antirépublicains, anti laïques, liberticides, il faut proposer un projet positif de société, clairement exprimé, qui entraîne et rassemble. Un projet de société laïque, fondé sur la liberté individuelle dans le respect de l’intérêt général, sur l’égalité de tous et la justice sociale, sur la fraternité enfin qui se traduit par la solidarité et l’attention à l’autre pour ne laisser personne de côté.

Françoise Laborde et Martine Cerf