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A l’annonce du projet de loi visant à interdire et à sanctionner durement par des amendes et de la prison les personnes se déclarant athées en Égypte on peut se sentir glacé d’effroi.

La Liberté de Conscience est un droit fondamental qui appartient à chacun de nous, quels que soit son pays, son histoire, ses traditions. C’est le droit de croire, de ne pas croire, d’être indifférent, d’être agnostique, athée, de vivre selon des convictions philosophiques et spirituelles choisies.

L’expression de ce droit n’est pas reconnue dans de nombreux pays, la peur habite des millions de femmes et d’hommes qui n’osent exprimer ce qu’ils pensent.

En France, nous avons mené de longs combats pour que cette liberté fondamentale soit respectée. Beaucoup de pays européens sont dans ce cas même et des tentatives dangereuses de restriction de cette liberté et de son expression publique surgissent çà et là et de plus en plus ouvertement,  allant jusqu’à menacer la vie de nos concitoyens.

A ce jour, je n’ai pas connaissance qu’un libre penseur, un incroyant, un agnostique, un indifférent ait menacé qui que ce soit en raison de ses croyances et de sa foi et encore moins, pour ces raisons, ait attenté à la vie de quiconque.

Dans de multiples régions du monde y compris en Europe, nous assistons à une collusion, de plus en plus ouverte, entre pouvoir politique et pensée religieuse, qui porte atteinte à la liberté de conscience et à la liberté d’expression de chacun.

Chaque fois qu’une liberté est bafouée, nous ne pouvons nous taire.

Ne sommes-nous pas suffisamment nombreux  à nous être dégagés et de longue date de toute emprise religieuse, pour nous rassembler et faire entendre avec force notre voix,  en France, en Europe et dans le monde afin d’aider tous ceux qui sont aux prises avec leur communauté d’origine dans leur démarche d’émancipation.

Aujourd’hui nous devons dénoncer haut et fort cette nouvelle atteinte à la Liberté de Conscience et aux Droits de l’Homme en Égypte.

Françoise Le Mer

les athées seront-ils bientôt mis en prison ? En Égypte, pourra-t-on bientôt aller en prison parce que l’on ne croit pas en Dieu ? Dans le huis clos du parlement au Caire, c’est une possibilité à laquelle travaillent les députés. Aucun parlementaire n’a accepté de nous parler de ce projet controversé, mais dans les rues de la ville, il est généralement bien accueilli, comme par cette jeune femme : « Les athées ne croient en rien. Juif ou chrétien, ça va encore, mais ne pas avoir de religion, franchement… ». Déclarer sa religion aux autorités est obligatoire L’Égypte est un pays à 90% musulman ; l’Islam y est la religion d’État depuis 38 ans. Le christianisme et le judaïsme, mentionnés dans la constitution, sont eux aussi reconnus officiellement. Mais la tolérance s’arrête là. Il est obligatoire de déclarer sa religion aux autorités, qui la feront ensuite apparaitre sur la carte d’identité de chaque citoyen égyptien. Se déclarer non croyant n’est pas une possibilité offerte par l’administration, et dans les faits, cela peut même déjà vous conduire devant les tribunaux. La Constitution protège théoriquement la liberté de croyance, mais remettre en cause l’existence de Dieu est considéré comme un blasphème par les autorités, et déjà puni à ce titre. Dans le centre du Caire, cet établissement surnommé « Le café des athées » a été fermé par la police. Beaucoup des non-croyants que nous avons contactés ont préféré se taire par crainte de représailles. Les athées sont désormais considérés comme des extrémistes. Dans l’Égypte du maréchal Sissi, la liberté de croire ou de ne pas croire semble de plus en plus réduite.

franceinfo 27/02/2018