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Le conseil scientifique de la Dilcrah[1] vient d’être dissous à la suite d’une polémique sur la question de la transidentité. On savait qu’une frange d’activistes transgenres refuse à l’Observatoire de la Petite Sirène, le droit d’alerter sur des pratiques médicales sur les enfants diagnostiqués « dysphoriques de genre », au motif que ses membres seraient « transphobes ». Ceux-ci sont confrontés à une avalanche d’invectives sans fondement, accompagnées parfois de violence, comme celle qui s’est manifestée contre le café laïque de Bruxelles.

Pourtant, jamais le livre de Caroline Eliacheff et Céline Masson[2], toutes deux membres de cet observatoire ne formule le moindre propos transphobe. On l’accuse pourtant de cela, avec une volonté étrange de déformer son contenu. De quoi est-il question dans ce livre ? En particulier de s’interroger sur le bien-fondé d’opérations ou traitements précoces chez des enfants déclarant ne pas se reconnaître dans leur sexe biologique. Avec beaucoup de finesse, les auteures dénoncent les ravages provoqués par un changement de genre entamé trop tôt, avec les risques d’erreur que cela comporte, alors même que la personnalité de l’individu est en construction. Ne devons-nous pas ce minimum de prudence à nos enfants ?

Autre abcès de fixation : les thérapies de soutien avec des psychologues ou des psychanalystes, sont qualifiées de « thérapies de conversion », lesquelles sont interdites par la loi. En quoi une thérapie d’accompagnement d’une personne qui s’interroge sur sa véritable identité pour l’aider à résoudre ce dilemme de la façon qui lui convient au mieux, est-elle comparable aux « thérapies » et autres exorcismes qui s’en prennent aux homosexuels ou à ceux qui veulent changer de genre pour les « remettre dans le droit chemin » de l’hétérosexualité ?

Mais le fait est là et ceux qui opèrent cette confusion veulent aussi interdire y compris par la violence toute prise de parole qui les contredirait. Et c’est de cela que le conseil scientifique de la Dilcrah est mort : de cette intrusion d’un militantisme censeur à l’université comme dans la recherche, qui remplace le débat d’idées argumenté par l’imposition de théories présentées comme les seules qu’on a le droit de formuler. L’Inquisition en son temps ne procédait pas autrement.

C’est bien la liberté d’expression et le débat d’idées qui sont menacés et c’est pour cela qu’il est hors de question pour nous laïques, de céder à la violence des censeurs.

Martine Cerf

 

  1. Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti LGBT
  2. La fabrique de l’enfant transgenre, Caroline Eliacheff et Céline Masson, Editions de l’Observatoire.