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Éclairons la doctrine macroniste du « en même temps » boostée dans l’actualité par la venue du pape à Marseille en ce 22 et 23 septembre 2023.

Rappelons quelques faits : le Président Macron baptisé à sa demande à l’âge de 12 ans, passé par le lycée jésuite de la Providence d’Amiens se dit, depuis  longtemps, agnostique mais « réceptif à la transcendance de nos vies ». Son escapade en 2016 à la basilique de Saint-Denis, nécropole où sont inhumés les rois de France le jour de sa candidature à la Présidence en a alors déjà surpris plus d’un. Plus tard son acceptation du titre honorifique de chanoine de St Jean de Latran conféré par le Vatican a aussi désagréablement étonné ceux qui se rappelaient que le Président de la République était le protecteur de nos institutions constitutionnelles et donc de la laïcité.

Après ce flashback comment s’étonner  ces derniers jours de la justification  par le Chef de l’Etat des modalités de son déplacement à Marseille pour la venue du Pape François : il affirme cette semaine depuis la Côte d’Or « Je n’irai pas en tant que catholique, mais en tant que président de la République française, qui est en effet laïque. J’irai par respect et courtoisie, (…) je n’aurai moi-même pas de pratique religieuse lors de cette messe ». En effet le Président et son épouse Brigitte Macron assisteront à la messe célébrée par le pape au stade Vélodrome.

Ce choix contredit l’esprit de la loi de 1905 qui garantit la liberté de conscience des croyants, et des non-croyants, mais qui sépare les organisations religieuses et l’État, forcément neutre, puisque la République laïque « ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ». D’ailleurs, preuve que sa présence n’allait pas de soi, l’Élysée a souligné que le Président ne participera pas à l’eucharistie, c’est-à-dire qu’il ne communiera pas. De surcroit, s’il veut ensuite en même temps participer à des cérémonies de toutes les religions présentes en France, gageons que son calendrier deviendra ingérable !

En réalité Emmanuel Macron fait ce déplacement par conviction personnelle : il y a quelques années, il affirmait vouloir « réparer » le lien qu’il jugeait « abîmé » entre l’État et l’Église. Mais aussi sans doute pour adresser un clin d’œil à un électorat catholique en majorité conservateur.

Pour moi un chef de l’État n’a pas, en tant que tel, à participer à un service religieux, sauf dans le cas précis où la République à travers lui manifeste un hommage national à un grand personnage. Ce fut le cas par exemple lorsqu’Emmanuel Macron avait assisté à la messe célébrée en 2017 en mémoire du Père Jacques Hamel, un an après son assassinat en l’église de Saint-Etienne du Rouvray, ou encore celle pour Johnny Hallyday, la même année, un évènement que l’Élysée a tenu à rappeler pour répondre à la polémique.

Emmanuel Macron  a toute qualité pour recevoir  le Chef d’État du Vatican  lorsqu’il vient en France. Au-delà il prend parti.

Le président Macron lance un message politique confus mais qui n’est pas sans logique avec les fondements de son action politique, le « en même temps » qui, de surcroit, ne convient plus dans un monde instable à la recherche de quelques repères solides dont, pour la France,la laïcité est partie intégrante.

Bernard FERRAND, Vice Président d’ÉGALE