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Le 28 octobre apparaissait sur les réseaux sociaux (Twitter et Tik Tok en particulier), une campagne signée du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne destinée officiellement à lutter contre les discriminations dont les femmes musulmanes voilées font l’objet. Mais à la lecture des messages il apparaît très vite que cette campagne fait également la promotion du port du voile islamique, présenté comme l’expression de la liberté des femmes. On peut lire : « la beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hidjab ». On reste confondu par la proximité de ce discours avec celui des Frères musulmans qui revendiquent comme seule liberté des femmes musulmanes, celle de porter le voile. De fait, la chercheuse Florence Bergeaud-Blackler, dans une tribune très documentée qu’elle publie le 3 novembre dans Le Point, dévoile le nom des associations qui ont apporté leur concours à la division anti discrimination et inclusion du Conseil de l’Europe, lesquelles sont toutes dans la mouvance frériste : Forum of European Muslim Youth and Students (FEMYSO), European Forum of Muslim Women, émanation féminine de l’UOIE.

Alors qu’actuellement nos pays accueillent des femmes afghanes qui ont dû s’exiler pour pouvoir étudier, travailler, vivre librement, est-il imaginable de les accueillir avec ce slogan pour le moins indécent en la circonstance : « la liberté est dans le hidjab » ?

Quel mépris aussi pour toutes ces femmes qui traversent des jours difficiles chez nous comme partout dans le monde parce qu’elles refusent de le porter ! Quelle méconnaissance des pressions qui s’exercent sur elles pour les obliger à se conformer à cette conception rigoriste de la religion !

Plusieurs personnalités politiques se sont élevées contre la promotion du hidjab portée par cette campagne, dont la sénatrice Laurence Rossignol ancienne secrétaire d’État à l’égalité, Manuel Valls ancien premier ministre ou encore le député François-Xavier Bellamy.

Le gouvernement français en la personne de la Secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, Sarah El Haïry, s’est élevé contre cette campagne qui a finalement été retirée des réseaux sociaux et de la page du Conseil de l’Europe. Il reste que cet épisode révèle trois points importants pour l’avenir de la cohésion de nos sociétés.

  1. Que les lobbies islamistes qui cherchent à isoler les musulmans et à les faire vivre dans l’observance d’un islam rigoriste en surfant sur leur besoin d’affirmation identitaire sont très écoutés aussi bien au Conseil de l’Europe que dans l’Union européenne. Leurs interlocuteurs les prennent à tort pour des représentants de la société civile musulmane (laquelle n’existe pas et n’a donc pas de représentants, surtout en France) alors qu’ils ne sont qu’une minorité d’activistes fort bien organisés.
  2. Qu’un grand nombre de responsables élus ou fonctionnels du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne sont incapables de distinguer un discours réellement porteur des valeurs européennes, d’un discours de propagande qui détourne les mots de liberté, d’égalité pour lutter contre ces valeurs.
  3. Qu’ils ignorent la capacité de séduction d’une propagande islamiste très bien orchestrée et partant, sous-estiment totalement le danger de voir un nombre croissant de personnes s’isoler du reste de la société pour rejoindre des communautés enfermées sur elles-mêmes et traumatisées par un discours victimaire soigneusement distillé.

Cependant il reste à relever deux points positifs : d’abord que l’accueil médiatique de cette campagne a été unanimement défavorable ce qui peut faire penser que la vigilance des médias s’est aiguisée avec le temps. Le second point positif est que la vive protestation de la France a abouti au retrait des visuels incriminés qui espérons-le, seront remplacés par d’autres, cette fois authentiquement orientés vers la tolérance et l’acceptation de la diversité, toute la diversité.

Martine Cerf