Elles apparaissent enfin au grand jour, les pressions, les intimidations qui sont exercées sur nos concitoyens musulmans ou supposés tels par quelques fidèles trop zélés. L’Algérien Rachid Bouach à Bordeaux a ainsi perdu la vie pour avoir bu de l’alcool. Son assassin ne le connaissait pas mais avait la certitude qu’il était musulman et que cela impliquait un certain mode de vie.
Nous savions depuis longtemps que ces fanatiques ne laissaient pas les autres vivre en paix. Combien d’anecdotes avons-nous entendues depuis plus de vingt ans, sur les pressions exercées par des parents d’élèves, des voisins, des collègues, des inconnus qui venaient frapper aux portes… et nous l’avons dénoncé auprès de différentes autorités sans jamais être entendus. Cette réalité dérangeait et on préférait regarder ailleurs.
Il y a quelques années nous avions même demandé au Défenseur des droits ce que la démocratie pouvait faire pour protéger les femmes qu’on menaçait pour les obliger à porter le voile et qui étaient trop effrayées pour porter plainte. La seule réponse qui nous avait été faite alors était : « je n’aime pas votre question ! »
Cette cécité volontaire a permis le développement du phénomène. Pourtant nous savons bien que les fanatiques religieux ne connaissent aucune limite pour imposer leurs croyances aux autres. Nous ne saurons jamais combien de femmes iraniennes ont été assassinées pour avoir refusé de porter le voile, combien auront été passées à tabac pour n’être pas assez dociles. Ni combien de personnes se soumettent, ici, en France, par peur de représailles. Notre silence revient à donner aux fanatiques le droit de passer à l’acte.
Il est plus que temps aujourd’hui de sortir du déni et de réaffirmer sans faiblesse la primauté de la loi qui interdit évidemment de menacer, de violenter, ou d’attenter à la vie de qui que ce soit. Il est plus que temps d’appliquer sans faiblesse l’article 31 de la loi du 9 décembre 1905 qui pénalise les menaces et pressions exercées sur un individu pour l’obliger à pratiquer un culte.
Il faut empêcher de nuire ceux qui refusent de vivre dans le respect de l’état de droit. Et pour cela, l’Etat et ses représentants doivent se montrer sans faiblesse dans la protection des citoyens et des lois dont ils se sont dotés. Mais ce sont aussi les citoyens qui doivent faire des choix clairs dans leur volonté de défendre la démocratie et ses valeurs…L’engagement est à l’ordre du jour pour chacun.
Martine Cerf