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Il est décidément difficile pour un gouvernement de la République laïque de parler d’une seule voix quand il s’agit de traiter des demandes religieuses. On a vu ce gouvernement se mobiliser comme aucun autre pour faire respecter les principes républicains par des associations peu soucieuses de le faire, mais une voix discordante s’est manifestée : celle d’Élisabeth Moreno, ministre de l’Égalité, qui semble tout ignorer de l’activisme des frères musulmans dans le sport. Ceux-ci travaillent à faire accepter toute manifestation religieuse ostensible de l’islam, sur les terrains et les salles de sport, pour mieux isoler nos concitoyens musulmans du reste de la population. La banalisation du port du voile est un élément majeur de cette stratégie. Il a suffi d’une manifestation de « hidjabeuses », dont beaucoup militent dans des associations proches des frères musulmans, pour que notre ministre, animée de la volonté louable de n’exclure personne, fasse exactement le choix qu’attendaient lesdits frères. Pourtant des textes de loi comme les règlements intérieurs sont clairs sur le sujet : le sport est un lieu de neutralité pour l’intégration de tous. Voir le communiqué de la LDIF et celui ce Unité laique

Nous conseillons à la ministre de s’inquiéter plus des agissements de ceux qui répandent ces idées liberticides, plutôt que de chercher à les satisfaire.

Et puis c’est la nomination annoncée de Mark Sherringham à la présidence du conseil supérieur des programmes par le ministre de l’Éducation nationale. S’il n’est évidemment pas dans notre propos de critiquer des options religieuses qu’il est libre de choisir, nous nous inquiétons de l’intention de ce nouveau président de « réintroduire explicitement le christianisme dans le débat éducatif[1] ». Ces propos que ne renieraient pas les dirigeants de « la manif pour tous », représentants français d’un large mouvement européen qui ambitionne de « restaurer l’ordre naturel » (remettant en cause les Droits de l’homme), nous inquiètent forcément. S’il existe des écoles privées dont le caractère propre justifie cette prise en compte du christianisme dans leur projet pédagogique, il ne peut en être de même à l’école publique et laïque. Le seul projet acceptable est celui d’instruire les élèves et de leur transmettre réellement les savoirs et la culture qui leur permettront de mener une vie d’adultes émancipés de l’ignorance et des dogmes.

Cette nomination est-elle une « décision anti-laïque », comme le dénonce le syndicat Sud éducation ? La suite nous le dira. Pour notre part, sans faire un procès d’intention à Mark Sherringham, nous ne pouvons considérer que sa nomination est une bonne nouvelle pour l’école publique.

Martine Cerf

  1. Déclaration au magazine Familles chrétiennes, 2009