Déterminée, posée et sûre de son fait, l’écrivaine Anne Bert, 59 ans, atteinte de la maladie de Charcot, a décidé de se faire euthanasier en Belgique.
L’occasion, pour Eric Favereau (Libération du 14 septembre) de revenir sur cette question douloureuse, toujours d’actualité chez nous au-delà des quelques avancées de la loi Claeys-Léonetti du 27 janvier 2016.
Anne Bert elle-même montre dans ce dossier une force morale impressionnante, capable d’une analyse qui lui fait dire, par exemple, qu’« il n’y a pas d’émotion particulière, c’est comme d’habi-tude. Il n’y a pas d’émotion parce qu’on est ainsi fait que, même si l’on sait que c’est la dernière fois, il y a quelque chose en vous qui ne peut pas le concevoir. »
On apprend également, d’une interview de François Damas, président du comité d’éthique de l’hôpital Citadelle de Liège, la différence de comportements entre les patients atteints de la maladie de Charcot qui, très généralement, acceptent et savent discuter de leur fin, et ceux atteints de myopathie, qui ont toujours vécu avec leur handicap et sont très peu nombreux à décider d’arrêter de vivre.
Par ailleurs, en Belgique, la loi autorisant l’euthanasie a permis, c’est l’un de ses aspects très positifs, que le sujet devienne débattable. En revanche, la très grande majorité des médecins ne se sent pas concernée par l’acte et ne se l’est pas approprié. Dans l’hôpital du docteur Damas, par exemple, « à peine 5 médecins sur 300 » s’occupent de l’euthanasie.
Mutatis mutandis, c’est aussi la situation de la France au regard de la dernière loi : bien que prévue par le texte, la sédation profonde et continue n’a été à ce jour que rarement appliquée, la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) notamment, ne voulant y voir qu’un acte exceptionnel -ce qui, fait remarquer E. Favereau, revient à laisser la décision entre les mains des médecins alors que la loi dit explicitement le contraire.
Alain Azouvi