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Des militants ont soumis aux quatre candidats en lice un questionnaire sur leur attachement à la laïcité et sur leur conception de sa mise en oeuvre. Ils ont posé les questions d’actualité, y compris celles qui correspondent à des demandes des associations laïques, jamais prises en considération dans le précédent quinquennat. On peut citer en exemple l’abrogation de l’enseignement religieux obligatoire à l’école publique en Alsace et en Moselle, ou encore l’application de la loi de 1905 en Guyane.

Il ressort des réponses que le seul à s’être réellement impliqué dans l’exercice est Olivier Faure, qui affirme son attachement au principe de laïcité et à son application effective, au-delà des déclarations d’intention.

Stéphane Le Foll répond rapidement et avec une prise de position étonnante sur l’abrogation du délit de blasphème, puisqu’il énonce une contre vérité sidérante : « Sur le sujet du blasphème comme délit, la France et sa doctrine sont une exception et un particularisme dans l’Europe et dans le Monde ». La réalité est plutôt que non seulement l’Union européenne, mais aussi le Conseil de l’Europe demandent depuis longtemps que le délit de blasphème soit abrogé partout. Il n’existe d’ailleurs plus dans la plupart des pays de l’UE. Cela, Stéphane Le Foll l’ignore superbement.

Emmanuel Maurel se contente d’une déclaration d’intention rapide et globale et ainsi évite d’entrer dans la précision du questionnaire.

Quant à Luc Carvounas qui ne s’est pas donné la peine de répondre, il faut, pour connaître sa position sur le sujet, reprendre son interview du 9 janvier 2018 dans Libération , dans laquelle il prône, ni plus ni moins, que les communes financent les lieux de culte et qu’à la fois elles respectent la loi de 1905 (qui l’interdit) :

« Q. Sur la laïcité, êtes-vous sur la ligne de votre ancien mentor [Manuel Valls] ?

R. Tout le monde n’arrête pas de dire «la loi de 1905, toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905». Sauf qu’on est en 2018 et que parce que j’ai été maire, je sais que cela nous oblige à faire des contorsions pas possibles pour financer des lieux de culte, en séparant culturel et cultuel. Je demande la création d’une Agence nationale de la laïcité, distribuant des fonds aux municipalités pour créer des lieux de culte. Elle aurait un pouvoir de contrôle de l’action des maires et pourrait sanctionner les manquements à la loi de 1905. On peut avoir tous les projets du monde, si le premier guichet républicain – le maire – déraille, c’est tout le collectif qui déraille. »

Cela au moins a le mérite d’exposer au grand jour la confusion qui règne depuis longtemps à la direction du PS au sujet de la laïcité. Il faudra attendre les élections internes à ce parti pour connaître sa position sur l’application du principe de laïcité.

Martine Cerf

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