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Femmes saoudiennes photographiées à l’occasion d’un tour guidé, en juin. Photo Fayez Nureldine. AFP 

Le gouvernement d’Arabie Saoudite a annoncé ce vendredi que les femmes pourront désormais voyager sans «gardien» masculin à l’étranger.

Symbole d’un système ultra-conservateur, les femmes en Arabie Saoudite n’avaient jusqu’alors pas le droit de voyager seules. Quotidiennement soumises à l’autorité de leurs pairs masculins, les Saoudiennes pourront désormais voyager seules, sans l’autorisation ni l’accompagnement de leur «gardien masculin». Cette interdiction ne constituait qu’une des pierres du royaume où la religion islamique reste un pilier du royaume.

Selon le quotidien proche du gouvernement Okaz et d’autres médias citant des sources officielles, toute Saoudienne âgée de 21 ans ou plus va pouvoir obtenir un passeport et quitter le pays sans la permission de son «gardien». Les fuites de Saoudiennes à l’étranger ont été souvent médiatisées ces derniers mois, ces dernières dénonçant la propagande du régime sur ces affaires de mœurs.

Même si le journal officiel explique qu’un passeport pourra être délivré à tout Saoudien qui en fait la demande, les modalités d’obtention du passeport ne sont pas encore dévoilées. A noter que cette réforme est complétée par la possibilité pour les Saoudiennes de déclarer officiellement une naissance, un mariage, un divorce, d’être titulaire de l’autorité parentale sur leurs enfants mineurs, des prérogatives jusqu’alors réservées aux hommes.

Politique de Mohammed ben Salmane

Cette mesure s’inscrit dans la politique d’émancipation des femmes menée par le prince héritier Mohammed ben Salmane depuis quelques années. Les autorités saoudiennes ont en effet accordé aux femmes le droit de conduire une voiture, d’assister à des matchs de football. Si ces nouveaux droits ont bénéficié à certaines, beaucoup dénoncent le caractère insuffisant de ces réformes, profitant à trop peu d’entre elles et ne remettant que très peu en cause le système de «gardien masculin».

Possédant une image internationale terne sur le plan des droits de l’homme, l’Arabie Saoudite essaie depuis quelques années de promouvoir sa politique d’émancipation de la femme à l’étranger pour redorer son blason. La mainmise du régime sur ces questions reste néanmoins ferme. Si des évolutions peuvent être contestées, peu de libertés sont accordés aux mouvements civils. En effet, plusieurs militantes féministes sont toujours en cours de procès.Souvent poursuivies pour des contacts avec des médias étrangers, des diplomates et des organisations de défense des droits humains, affirment avoir été torturées et harcelées sexuellement pendant leur détention.

Quentin Gilles avec AFP