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Adapté de l’article d’Erwan Seznec -Le Point – 18 mars 2024

L’hebdomadaire Le Point fait état de la remise prochaine au Sénat d’un rapport sur « la transidentification des mineurs ». 

Le groupe de travail LR, dirigé par Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice du Val-d’Oise, après avoir auditionné 67 personnes, propose de rendre les changements de sexe impossibles avant la majorité.

Sur un sujet si controversé, peu de données sont disponibles.
Les demandes de transition chez les mineurs auraient explosé ces dernières années, en France comme dans beaucoup de pays développés. Si on se réfère au nombre de séjours hospitaliers Les séjours hospitaliers pour « transsexualisme » ont triplé entre 2011 et 2020, passant de 536 à 1 615 et le nombre de chirurgiens pratiquant des vaginoplasties sur majeurs a rapidement augmenté.
La question de fond concerne les causes de cet accroissement. S’agit-il d’une prise en compte d’aspirations longtemps ignorées ou bien d’un effet de mode ?
Les associations qui encouragent les transitions de genre tout comme ceux qui souhaitent les limiter mettent en avant l’intérêt supérieur des enfants et des adolescents.
Par manque de recul, aucune étude sérieuse n’a été menée sur les effets d’un changement de sexe sur la qualité de vie des patients.
Pour Jacqueline Eustache-Brinio, la transition sexuelle des jeunes sera considérée comme l’un des plus grands scandales éthiques de l’histoire de la médecine.
Elle s’inquiète des risques induits : « la transition sexuelle des jeunes sera considérée comme l’un des plus grands scandales éthiques de l’histoire de la médecine ».  Pourtant, elle précise : « Personne n’envisage d’interdire de changer de genre à l’âge adulte ».

Les propositions
Les rapporteurs souhaitent revenir aux formulaires administratifs comportant seulement deux cases à la mention du sexe ou l’abandon des toilettes non genrées.
Mais pour eux, l’essentiel est d’interdire aux mineurs la chirurgie dite de « réassignation sexuelle » et les traitements hormonaux, en particulier les bloqueurs de puberté.
Ces derniers visent à retarder la puberté pour laisser au patient le temps de choisir son genre.
Les associations pro-transition considèrent quant à elles que la volonté, y compris d’un mineur, suffit à enclencher le processus de transition jusqu’à la chirurgie.

Tour d’Europe
Au Royaume-Uni, le National Health Service, le système de santé britannique, a annoncé en mars dernier que les bloqueurs de puberté ne seraient plus prescrits aux adolescents, en dehors des cas particuliers liés à la recherche.
Le service de développement de l’identité de genre pour les enfants et les adolescents de la clinique Tavistock, seul centre d’Angleterre à fournir des bloqueurs aux mineurs, a fermé il y a un an, plombé par des enquêtes accablantes.

Le rapport indique que le traitement standard d’administration des bloqueurs de puberté repose sur le Dutch Protocol, ou protocole néerlandais, mis au point il y a une vingtaine d’années, qui postule la réversibilité totale sans effets secondaires du traitement et une administration possible dès 12 ans (certains praticiens descendant à 8 ans).
L’étude à la base de ce protocole fait aujourd’hui l’objet de vives critiques concernant les conditions dans lesquelles elle a été menée.

L’Espagne a autorisé le changement de sexe dès 16 ans l’an dernier. Elle est à contre-courant du reste de l’Europe. La Finlande, la Suède, le Danemark, le Royaume-Uni, « tous les pays qui étaient allés plus loin que la France dans l’accompagnement des volontés de transition des mineurs ont enclenché la marche arrière. Nous sommes à un tournant ».

L’expression d’un mal-être
« Tous les experts pointent un gigantesque mal-être chez les enfants qui veulent changer de sexe. Parmi eux, 70 % présenteraient des troubles anxiodépressifs et 30 % souffriraient de séquelles de traumatismes, en particulier des violences sexuelles. Plus inattendu, 30 % seraient autistes, souvent non diagnostiqués. »

Les sénateurs plaident pour une prise en charge pédopsychiatrique renforcée des jeunes qui ne sentent pas en accord avec leur sexe de naissance.