Monsieur l’archevêque,
Vous avez clairement exprimé que le secret de la confession se trouvait au-dessus des lois de la République. Aujourd’hui on voit bien qu’au sein de l’Eglise on cherche à minimiser la portée de vos propos « maladroits ». Pour nous, ce n’est pas une maladresse, mais plutôt un acte manqué révélateur de ce que trop d’hommes d’église pensent sans le dire ouvertement : à savoir qu’ils ne doivent de comptes qu’à leur Dieu dont les règles se situent et les positionnent au-dessus de la loi des hommes. Tout est alors en place pour favoriser les abus de pouvoir, les fidèles n’ayant alors qu’une importance secondaire par rapport à l’institution qu’il faut avant tout protéger.
Et c’est bien ce que votre institution nous a donné à voir : la protection des prêtres déviants sans se préoccuper de soustraire les enfants à leurs agissements. Le silence imposé aux témoins comme aux coupables pour que surtout ça ne se sache pas. La surdité aux propos des quelques victimes qui osaient parler. Le temps si long à reconnaître la souffrance de ceux dont la vie a été ravagée dès l’enfance et à leur venir en aide. Les années de blocage où les simulacres d’enquêtes internes n’aboutissaient à rien…
Maintenant qu’enfin le rapport Sauvé met des mots sur les agissements infâmes et dévoile le nombre des victimes, vous faites encore partie de ceux qui, dans le tréfonds de leur inconscient, se sentent toujours au-dessus de la loi car elle a été pensée et édictée par des hommes et des femmes.
Pourtant la situation devrait vous engager à plus d’humilité. En votre qualité de représentant de l’Eglise en France, vous devez des comptes aux victimes, à leurs familles et à la société. Vous devez laisser passer la justice et l’aider autant qu’il est en votre pouvoir de le faire.
Au lieu de cela, vous proclamez votre supériorité sacerdotale tandis que vos fidèles attendent vainement de vous avoir à leurs côtés, pas au-dessus d’eux. Car que vous le vouliez ou non, la république et la laïcité ont apporté à nos concitoyens catholiques (comme aux autres), la liberté de pensée qui fait que vous ne pourrez plus jamais les traiter comme un troupeau docile et malléable. Et elle a fait de vous un citoyen qui a les mêmes droits et devoirs que les autres, ni plus, ni moins.
Martine Cerf