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Mila, qui avait déjà dû quitter le lycée Léonard-de-Vinci de Villefontaine, a reçu de nouvelles menaces par les réseaux sociaux et aussitôt on assiste au même scénario : c’est la victime de harcèlement qui est renvoyée tandis que les coupables continuent tranquillement et impunément de la menacer de mort ou d’autres sévices parce qu’elle s’est permis de tenir des propos critiquant leur croyance. Ceci résonne douloureusement après l’assassinat de Samuel Paty.

Le nouveau projet de loi confortant le respect des principes républicains présenté au conseil des ministres ce 9 décembre pourra-t-il modifier quelque chose à cet état de fait révoltant ? Que peut une loi aussi travaillée soit-elle, contre la volonté de ne pas l’appliquer, contre la peur de mécontenter les délinquants avérés ? Que vaut un État de droit où la justice ne sanctionne pas les coupables de délits et ne protège pas leurs victimes ? Que vaudrait une démocratie où l’action des parlementaires se résumerait à discuter à l’infini du contenu des articles d’une loi sans jamais vérifier ou exiger leur application réelle ?

Le père de Mila a écrit aux dirigeants du lycée de sa fille, une « lettre aux lâches » exemplaire qu’il faut lire, dans laquelle il fustige leur lâcheté.

Avec lui nous disons que nous avons besoin de courage politique, mais aussi de courage au quotidien de la part de tous, pour faire reculer l’hydre de l’obscurantisme qui menace les libertés. Céder à ceux qui profèrent des menaces et parfois les mettent à exécution ne les fera pas disparaître et ne les empêchera pas de continuer d’avancer dans leur projet d’imposer leurs règles au détriment des lois républicaines. Tout au contraire, plus nous attendons, plus nous les laissons avancer, et plus il sera difficile de les empêcher de nuire.

Il est temps que le procureur de la République lance des poursuites contre ceux qui adressent des menaces abjectes à Mila, et fasse appliquer les sanctions prévues par la loi, de façon qu’elle puisse si ce n’est reprendre une scolarité normale en toute sécurité, au moins vivre normalement. Au moment où le gouvernement dit vouloir lutter contre la déscolarisation d’un grand nombre d’élèves, n’acceptons pas en baissant la tête que Mila n’ait d’autre solution que de rester chez elle !

Martine Cerf