Hommage à Samuel Paty – « Deux ans après, ne jamais oublier »
En ce dimanche matin, nous étions une petite trentaine au pied de l’arbre de la laïcité à Rennes, à l´invitation de notre association « Laïcité 35 », pour rendre hommage à Samuel Paty, assassiné par un terroriste islamiste parce qu’il enseignait la liberté de conscience et la liberté d’expression.
Rassemblement organisé à la hâte, mais avec la certitude de son impérieuse utilité.
Merci aux élus présents, aux absents excusés qui ont eu le souci de soutenir cet événement.
Le combat pour la République et la laïcité continue.
Plus que jamais.
Rejoignez-nous !
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Le discours prononcé par Françoise Le Mer, Laïcité 35 et membre d’Egale, à Rennes dimanche 16 octobre 2022
Chers amis,
Bonjour à tous et à toutes,
Voilà deux ans.
Voilà deux ans que Samuel Paty a été sauvagement assassiné par décapitation.
« Ne jamais oublier »
C’est sous l’auspice de ces mots que nous avons voulu nous rassembler, nous réunir.
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, enseignant d’histoire géographie, s’est vu ôté la vie par un terroriste islamiste à Conflant Saint Honorine. La raison : avoir montré des caricatures de Mahomet dans le cadre d’un cours d’éducation morale et civique.
Victime de l’islamisme, il avait à cœur de former ses élèves à l’esprit critique, à la liberté de conscience et à la liberté d’expression.
Samuel Paty n’était pas un provocateur.
Au contraire, la mission qu’il exerçait s’inscrivait parfaitement dans le cadre des programmes de l’Éducation nationale et de la loi. Contre la calomnie, contre certaines petites lâchetés, contre un abandon de son administration et contre des soutiens discrets, rappelons que Samuel Paty exerçait sa mission avec professionnalisme, intégrité et dévouement.
Pour ces raisons, il mérite la reconnaissance de la patrie.
« J’ai décapité un chien de l’enfer ».
C’est ce qu’a écrit le terroriste islamiste qui a tué Samuel Paty, après son crime.
Ces mots suintant la haine et la violence, nous rappellent que, si nous ne voulons pas oublier, nous ne pourrons pas non plus pardonner.
« Être toujours debout »
Nous serons de tous les combats pour lutter pied à pied contre l’islamisme, contre les atteintes portées à la laïcité, contre tous les stratagèmes qui visent à rompre le pacte républicain, contre tous les méfaits qui aspirent à fragiliser le beau projet qu’incarne notre devise « Liberté Égalité Fraternité ».
Nous ne pouvons pas renoncer, car renoncer c’est abdiquer face à l’ignominie, c’est accepter que triomphent la haine et l’obscurantisme, c’est consentir à ce que notre monde commun se défasse.
En commémorant Samuel Paty, nous souhaitons rendre hommage à tous les enseignants, à ces passeurs de savoir, à ces agents du service public qui font tenir la République, dans des conditions parfois dégradées et à l’appui d’une administration parfois pusillanime, qui se dévouent pour que leurs élèves cultivent la plus haute des ambitions. Parce qu’ils représentent des phares qui illuminent le chemin des générations futures, nous ne pouvons les abandonner et nous ne pouvons nous résigner à l’idée qu’ils paient de leur vie d’être des hussards noirs de la République.
Car, oui la République se trouve être attaquée, et dans cette offensive dont elle fait l’objet, l’école en est la première victime. Elle l’était déjà lorsque des enfants de l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse étaient tués une balle dans la tête en 2012, par le terroriste Mohammed Merah. Dix ans avant, l’ouvrage Les Territoires Perdus de la République tirait déjà la sonnette d’alarme. Puis, il y a eu l’attentat contre Charlie Hebdo, journal connu pour ses dessins satiriques ; caricatures que Samuel Paty utilisait pour enseigner l’esprit critique…
Les événements dramatiques se succèdent, le sang coule et les larmes avec.
Le temps file, et la vie reprend son cours.
Mais le temps ne nous volera pas les tristes souvenirs et ces vies enlevées.
Le temps ne nous empêchera pas de nous rappeler la solitude dans laquelle Samuel Paty a dû se retrouver lorsque la pression se faisait oppressante contre lui. Nous savons dorénavant que le jour où il a été assassiné, les policiers retrouvèrent un marteau dans son sac… Preuve en est qu’il sentait la menace imminente.
En réalité, votre présence aujourd’hui ici en ce dimanche matin, et les multiples rassemblements organisés à travers la France doivent nous réchauffer le cœur et nous insuffler une dose d’espoir et d’optimisme.
Nous ne nous habituerons jamais à l’horreur.
Nous ne nous résignerons jamais sinon le terrorisme islamiste l’emportera.
C’est pour cela que Samuel Paty n’est pas mort pour rien. Mais nous aurions pu éviter sa mort.
Les enseignants ne sont pas des martyrs, et la société toute entière doit faire bloc autour de ceux qui ont le courage de ne pas céder aux pressions, faire bloc autour de ceux qui ont à cœur de ne pas reculer d’un iota dans la défense de nos valeurs fondamentales (et particulièrement la liberté de conscience, l’universalisme, la laïcité, la liberté d’expression, l’égalité femme/homme).
Ces valeurs constituent un joyau inestimable qui permet à chacun et chacune de se libérer de toutes les injonctions traditionnalistes, et de toutes les prisons communautaires.
Ces principes sont un chemin pour que chacun et chacune puisse s’émanciper et choisir sa propre destinée.
Contre la haine qui provoque la mort, opposons leur la force de nos principes qui rendent notre monde vivable et fraternel.
Ces principes ne sont pas obsolètes, ne sont pas démodés, ne sont pas d’un autre âge.
Ils sont de la plus grande actualité car ils font de nous une grande nation dans laquelle ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous oppose.
Mes derniers mots ne seront pas les miens, mais ceux d’une femme qui m’inspire et me montre souvent la voie. Hier, j’ai lu ces mots de Tania de Montaigne et je souhaite vous en faire part : « un professeur a été massacré pour avoir considéré qu’on vit mieux l’esprit grand ouvert et que, quand on éteint les Lumières, il ne reste que la nuit et les ombres, que la loi du plus fort, que ses yeux pour pleurer.
Samuel Paty ne reviendra pas ».
Je vous remercie.